La société Paul Jaboulet Aîné appartient à ces domaines de prestige qui ont produit les meilleurs vins du monde, comme l'Hermitage la Chapelle 1990. Cette aura a séduit Jean-Jacques Frey , promoteur immobilier et amateur de vins mythiques. En janvier 2006, la société toujours aux mains de la famille Jaboulet , depuis 1834, a donc changé de propriétaire, mais sans renier une tradition porteuse de valeur.L'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 18 millions d'euros en 2006, dont 70 % à l'export, en vendant près de 3 millions de bouteilles. Elle emploie 65 personnes en CDI et possède 92 ha de vignobles en production, dont 26 ha au coeur de l'Hermitage et 40 ha de Crozes. Dès mars 2006 ont été achetés 2 ha de Côte-Rôtie, appellation encore absente chez Jaboulet. Les vins de domaine représentent 40 % du chiffre d'affaires. " Ce sont des locomotives qui tirent les vins de négoce, qui doivent eux aussi être parfaits ", souligne le directeur général arrivé de Châteauneuf-du-Pape en mars dernier, Frédéric Mairesse. Il espère, avec son équipe, que la maison pourra régulièrement prétendre à des notations internationales évoluant entre 95 et 100. " Nos vins, estime-t-il, peuvent monter en qualité, sans devenir délirants en matière de prix. ""PAS DE QUALITE ALEATOIRE"Cette ambition de qualité a été manifeste lors des dernières vendanges. Tous les raisins ont été cueillis à la main - 147 vendangeurs ont été embauchés contre 47 la saison précédente -, puis les grappes triées manuellement et le vin est élevé dans 2.200 barriques neuves. Trois ingénieurs venus de grandes maisons ont été recrutés et un comité de dégustation analyse la production en dehors des critères économiques. Ainsi, près de 40 % des récoltes 2005-2005 ?? ont été déclassés, car, explique Frédéric Mairesse, " les vins Jaboulet ne doivent pas prêter à confusion, ni présenter une qualité aléatoire ". Une décision qui aura coûté 2 millions d'euros.Les nouvelles méthodes de travail devront être sanctionnées fin 2007 par les certifications ISO 9001 et 14001. Significatif aussi, l'abandon progressif du désherbage chimique. " Ceci nécessitera 600 heures de travail, là où il n'en fallait que 150 ", souligne Frédéric Mairesse. Décision d'autant plus difficile à mettre en oeuvre autour de Tain-l'Hermitage que les pentes sont vertigineuses.L'attrait du groupe Frey pour la maison Jaboulet résidait également dans son réseau commercial serré, avec 100 agents en France. Ces représentants proposent désormais aussi à leurs clients des vins de Bordeaux et de Champagne produits par le groupe. " Nous voulons savoir où, comment et combien sont vendus nos vins ", précise le directeur. Enfin, le nouveau propriétaire a déjà conçu le projet de bâtir au coeur du vignoble de Crozes un ensemble : mas restauré, caves, chambres d'hôtes, afin de recevoir dans de bonnes conditions la clientèle planétaire venue à la rencontre des meilleurs côtes-du-rhône.Les trois axes de développement1. Augmenter le niveau de qualité de toute la production Jaboulet. Le travail de la vigne est réalisé de façon raisonnée, la vinification améliorée et de nouveaux vignobles classés sont achetés.2. Consolider les " synergies intelligentes " entre les maisons du groupe Frey (château La Lagune dans le Bordelais et champagne Billecart-Salmon), tant au niveau des achats, de la logistique ou de l'informatique que de la distribution.3. Construire " un ensemble cohérent " au coeur du vignoble pour accueillir une clientèle exigeante. L'inauguration est prévue en 2009, avec un investissement de l'ordre d'une dizaine de millions d'euros.

latribune.fr

26 Sept 2008, 5:12

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