Serta vit au rythme du management à la japonaise

L'école japonaise du management a beau être largement diffusée, elle n'en reste pas moins un objet de curiosité, voire d'intérêt. Jean-Éric Noublanche peut le mesurer autant par les visites que Serta reçoit que par les invitations qui lui sont lancées pour témoigner de son expérience.Cet ancien cadre de Valeo est arrivé en Vendée en septembre 2001. À cette date, il prend la direction générale de Serta. L'entreprise du Poiré-sur-Vie, spécialisée dans la fabrication de vérins hydrauliques, est la principale filiale de la société holding Vensys fondée par Jacques Audureau (lire " La Tribune " du 4 mai 2005).Lorsque Jean-Éric Noublanche prend les commandes de l'entreprise, celle-ci est en plein essor. Corollaire de ce fort développement, le risque d'une perte d'identité pour des salariés, qui voient grossir très vite leur entreprise. " Pour conserver une identité, redonner une entité locale, mais aussi responsabiliser, nous avons créé les ZAP, les zones autonomes de production ", explique le directeur général de Serta. S'inspirant de son expérience chez Valeo où a été mis en place le modèle managérial de Toyota, Jean-Éric Noublanche adapte ses connaissances à l'entreprise vendéenne.Trois axes sont définis pour chacune des ZAP : " Qualité totale, productivité et motivation du personnel, énumère-t-il. Ensuite, pour chacun de ces axes, on a créé un référentiel d'audit, c'est-à-dire une grille de mesures de la performance. " Très concrètement, tous les semestres, une enveloppe globale est distribuée, dont la somme varie en fonction du nombre de points obtenus. L'évaluation est assurée par un comité d'auditeurs, composé de quatre membres de l'équipe de direction. Dans les quinze ZAP que compte la société, 165 audits individuels sont réalisés chaque année.AU DEPART, L'INQUIETUDESi, aujourd'hui, l'outil est bien accepté, les premiers temps ont été plus délicats. " Lorsqu'on a décidé leur mise en place, on a beaucoup communiqué ", explique Jean-Éric Noublanche. En dépit de cet effort, c'est l'inquiétude qui domine au départ. " C'était assez tendu, se souvient Franck Rothais, représentant du personnel. On pensait que c'était quelque chose pour nous surveiller un peu plus. " Cette réticence au changement s'est ainsi manifestée par six premiers mois durant lesquels les ZAP étaient toutes classées C, soit le plus mauvais des classements. " Cela a fait apparaître deux difficultés, se souvient le directeur général. D'une part, la perte de crédibilité du système et, d'autre part, le fait d'affronter le regard du client qui visite des ateliers avec des C partout. " Deux difficultés qui ont été gommées le jour où une ZAP a été classée B et a reçu une prime.Après quatre ans de fonctionnement, Jean-Éric Noublanche se félicite de la création des ZAP : " Elles ont permis le développement d'un sentiment d'équipe. Par ailleurs, elles motivent l'innovation des salariés grâce à un système de valorisation des bonnes pratiques. " Difficile d'y voir un lien de cause à effet, mais la performance de l'entreprise a crû. Sur 63 millions d'euros de chiffre d'affaires prévu pour 2007, le résultat net s'établit à 5 % contre 1 % il y a encore sept ans. " Je crois que les ZAP en sont pour une bonne part responsables. " Certes, pas de certitude de la part de Jean-Éric Noublanche, mais juste un très fort sentiment du bien-fondé de l'outil. Cette conviction est l'une des clés de sa réussite.Une galaxie autour des vérins hydrauliquesCréée en 1971 par Jacques Audureau,Serta a précisément comme principal client la société Audureau, fabricant de machines agricoles détenue par son père. Le métier de Serta est dans un premier temps la fabrication et la vente de vérins hydrauliques. Dans les années 80, l'entreprise connaît son essor grâce à une stratégie plus large que la seule fabrication. Jacques Audureau positionne alors la société comme un fournisseur de produits, de service et de solutions globales hydrauliques, ce qui en fait encore aujourd'hui une entreprise atypiquedans son secteur d'activité. En 2003, la société holding Vensysest créée. Elle chapeaute aujourd'hui 13 sociétés, la dernière acquisitionétant la société Merle, rachetée en 2005. L'ensemble emploie 900 salariés,dont 350 en Bulgarie. Pour l'activitéde l'année 2007, le groupe Vensys devrait enregistrer un chiffre d'affaires totalde l'ordre de 100 millions d'euros.
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