ITM met à flots la démesure

Les yachts de luxe sont l'objet d'une compétition entre milliardaires. " La taille moyenne de ces bateaux augmente de 10 mètres tous les dix ans ", constate Marc Ovanessian. International Technic Marine (ITM), le chantier naval qu'il codirige avec deux associés comme lui à l'origine de la société, se dote donc d'outils en rapport avec des yachts qui dépassent régulièrement les 80 mètres. Il prendra livraison en mai prochain d'un nouveau hangar à flot de 100 mètres de long, 30 de large et 27 de haut. L'un des plus grands d'Europe. " Ce hangar de près de 4 millions d'euros, en comptant le matériel que nous y installerons, augmente notre capacité d'accueil et optimise la gestion de nos plannings d'entretien ", explique Marc Ovanessian. Il devrait générer à lui seul une dizaine de millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaire.DES CAPRICES SANS LIMITESFondée en 2001, ITM est aujourd'hui l'un des deux ou trois plus importants chantiers français de réparation navale de grands yachts, un marché longtemps entre les mains des Espagnols et des Italiens. La société intervient chaque année sur une cinquantaine de bateaux. Elle opère sur un secteur où la demande dépasse l'offre, et vient de réaliser en 2007 un chiffre d'affaires de 28 millions d'euros (9 millions d'euros en 2005, 16 en 2006). Elle n'emploie que 15 personnes et sous-traite toute la production, limitant son activité à l'ingénierie. ITM a obtenu, en 2001, au Port Autonome de Marseille, la location jusqu'en 2019 des quatre " petites " formes de radoub, ces bassins qui peuvent se vider pour mettre les navires en cales sèches. " Mais nous travaillons parfois ailleurs, souligne Marc Ovanessian. À La Rochelle en 2007, par exemple, nous avons repeint un yacht de 95 mètres. Et bientôt à Saint-Nazaire, pour le même propriétaire, mais cette fois sur un bateau de 128 mètres. La facture de cet arrêt technique complet atteindra les 20 millions d'euros. "Le prix de ces chantiers s'étale ainsi de 20.000 à 10 millions d'euros. " Nos clients n'ont pas de limite dans leurs caprices, se réjouit cet ancien de la réparation navale lourde. Nous avons fait des aménagements intérieurs et de la peinture nos spécialités. Marseille était déjà réputée pour la qualité de ses interventions techniques (moteur, arbre, etc.). Nous y avons ajouté le design, un secteur à haute valeur ajoutée, car il touche à l'intimité, à l'image des propriétaires. Ils n'hésitent pas à mettre 150.000 euros dans une salle de bains... "SAVOIR-FAIRE ET " SAVOIR-ETRE"ITM travaille avec deux architectes d'intérieur et une multitude d'artisans. " Les acteurs de la réparation navale marseillaise possédaient le savoir-faire, nous avons dû leur inculquer le savoir-être. Le métier reste le même, mais le luxe demande plus de précautions ", insiste Marc Ovanessian.En 2008, le patron d'ITM espère doubler son chiffre d'affaires. Son carnet de commandes est déjà pratiquement plein. Pour son développement, la PME sera candidate à la location d'une cinquième forme de radoub à Marseille. Son dossier a été monté avec d'autres acteurs, comme le courtier britannique Burger. Et Marc Ovanessian voudrait ouvrir un chantier en Croatie à l'horizon 2010-2015. Rien n'est décidé mais il cherche également une opportunité de croissance externe ou de création.
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