Julien Faure cherche son salut dans les rubans de qualité

Face à la chute de certains de ses marchés à l'export, Julien Faure infléchit sa stratégie de production. Le patron de l'entreprise textile éponyme, basée à Saint-Just-Saint-Rambert (Loire), près de Saint-Étienne, a décidé de concentrer ses efforts d'investissement sur les rubans - les " racines " de la maison - et de " délocaliser " la production de tissus larges. " Les investissements que nécessite le tissage sont devenus trop lourds, surtout par rapport au niveau des prix de vente et au chiffre d'affaires de cette branche où la concurrence asiatique est féroce ", constate-t-il.PARTENARIAT REACTIFDix-sept métiers à tisser ont été vendus aux Tissages de Charlieu (LTC), l'un des derniers façonniers de la Loire. Julien Faure (11 millions d'euros de chiffre d'affaires) se recentre sur la création et la commercialisation. Ce " partenaire " réactif et solide lui permet en outre d'élargir sa gamme au-delà du " jacquard pur " vers des tissus unis et imprimés. Les locaux libérés sur le site de Collonges, à Saint-Just, seront occupés d'ici à la fin de 2008 par sa filiale, Vert & Renouat, dont les activités seront regroupées avec celles de Julien Faure. Le transfert des ateliers se fera entre avril et décembre 2008, de façon à ne pas désorganiser la production de rubans pour pâtissiers et chocolatiers. Des économies d'échelle sont attendues. Des fonctions peuvent être mutualisées entre les deux sociétés qui ne fusionneront pas.Ces mouvements s'accompagnent d'une relance des investissements productifs. Une première machine a été installée fin janvier. Des investissements complémentaires seront réalisés : plus de 200.000 euros pour Vert & Renouat et 250.000 eu- ros pour Julien Faure. L'essentiel est de préserver et de renforcer le positionnement haut de gamme de Julien Faure dans la mode et l'habillement et de Vert & Renouat dansla décoration et l'emballage.Ce fabricant de rubans a connu un effondrement de ses ventes aux États-Unis. Entre 2000 et 2005, ses exportations dans la zone dollar sont passées de 1,5 million d'euros à... zéro ! En cinq ans, le marché américain a certes explosé, mais il est aujourd'hui totalement dominé par les fabricants asiatiques. Pour Julien Faure, le constat est sans appel : " Rien ne sert de retourner aux États-Unis, surtout dans les conditions de change actuelles. " Les exportations de Vert & Renouat ont été réorientées, essentiellement sur la zone euro. Ce virage s'est révélé positif. Après être descendues en dessous de 20 %, ses ventes à l'export sont remontées en 2007 au-dessus de 30 %.Pour les tissus haut de gamme, la situation est un peu différente. Les exportations restent majoritaires. La baisse du dollar a eu un impact plus tardif, en 2006 et 2007. Les ventes au Japon ont chuté pour les mêmes raisons, sur un marché toujours déprimé. Le salut de Julien Faure vient des grandes marques de luxe européennes, françaises et italiennes (Louis Vuitton, Prada, Armani, etc.) et des pays de l'Est qui manifestent un appétit croissant pour des produits sophistiqués et ouvragés.Pour une filière textile européenneJulien Faure ne mâche pas ses mots : " Il faut arrêter de dire que le textile français ne s'en sortira jamais et raisonner en terme de filière européenne. Rien ne nous interdit d'acheter en Italie, de développer des partenariats avec des Italiens. Alors que l'Italie a développé depuis longtemps une certaine résistance, en France, on a fait tout le contraire, on a sacrifié l'industrie textile. Dans les tissus larges, il n'existe plus d'acteur majeur. Il reste un secteur local où on se défend encore : les rubans. Si la valeurdu dollar et du yuan augmentait, cela nous aiderait vraiment,on repartirait rapidement. "
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