Lunor met la patate dans tous ses états

Par latribune.fr  |   |  581  mots
En attendant les effets du slogan " Mangez cinq fruits et légumes par jour ", le marché de la pomme de terre continue de se contracter en France à raison de 2 % ou 3 % par an. Pourtant, Lunor, le spécialiste de la pomme de terre (74 millions d'euros de chiffre d'affaires, 420 salariés, basé à Luneray, Seine-Maritime), ne cesse d'investir. En 2008, la PME va dépenser quelque 6 millions d'euros pour se doter de " nouvelles capacités de production " (machines, bâtiments) afin d'" accompagner " sa " croissance " dans le légume précuit sous vide (pommes de terre, betteraves rouges, etc.), soit 80 % de son chiffre d'affaires.Non content d'investir dans son activité industrielle de transformation, Lunor mise aussi sur la pomme de terre brute ! La coopérative normande, qui réunit 80 sociétaires et fait travailler quelques 300 producteurs en Seine-Maritime et en Picardie, vient d'investir 3,5 millions d'euros dans un bâtiment de 5.000 m 2 destiné à la préparation et au conditionnement de la pomme de terre " première gamme ", pomme de terre brute commercialisée en filet.Créée en 1956 à Luneray, près de Dieppe, la coopérative Lunor est passée dès 1961 d'une activité de production de plants de pomme de terre à une activité de négoce. La " révolution industrielle " est intervenue en 1972 lorsque Lunor décide de valoriser la très petite pomme de terre appelée grenaille jusqu'alors jetée aux animaux. En 1966, la coopérative fusionne avec Unica (Somme), autre coopérative, mais spécialisée dans la pomme de terre cuite sous vide. En 1988, elle rachète Leblanc (Pas-de-Calais), leader français de la betterave rouge cuite sous vide. Puis, fin 1999, Lunor prend le contrôle de Végétable SA (Aube), spécialisée dans les légumes verts cuits sous vide par pasteurisation.Si Lunor peut revendiquer aujourd'hui dans l'Hexagone une part de marché de 50 % (grandes surfaces, collectivités, industriels), c'est que, depuis dix ans, la stratégie du groupe, comme le rappelle son directeur, Benoît Hornecker, a consisté à " mettre les moyens " pour produire de la pomme de terre de qualité. Cela passe par la sélection des variétés, la formation des agriculteurs pour produire une pomme de terre à la peau lisse, la certification du mode de production et les bonnes pratiques environnementales.FORTES EXPORTATIONSAinsi, en dix ans, Lunor a pu multiplier sa production annuelle de pommes de terre par quatre (à 60.000 tonnes par an), et s'est lancé à l'exportation (45 % des volumes). Elle vend essentiellement vers l'Europe du Sud (Italie, Espagne, Portugal) et répond aux demandes ponctuelles, comme celles de l'Algérie et de la Russie actuellement déficitaires.Sur le marché français (55 % des volumes), Lunor souhaite avoir moins recours aux intermédiaires et vendre davantage de produits directement aux grandes surfaces, en privilégiant un seul nom, celui de Lunor (au détriment de Leblanc ou Végétable). S'il l'on veut être repéré par le consommateur dans l'avenir, il vaut mieux, explique en substance Benoît Hornecker, ne pas se disperser, car " les marques de distributeurs vont prendre une plus grande place dans la grande distribution ".Ce dirigeant estime par ailleurs pertinent de " capitaliser sur la marque Lunor " qui " bénéficie de la plus grande notoriété auprès du client ". Pour mieux séduire le consommateur, le filet de pommes de terre Lunor va se parer de quatre autres vertus : le nom de la variété, l'étiquette Afnor, le label Belle de Normandie et le logo normand Bienvenue en Gourmandie.