Les Alpes-Maritimes croient au ski-jackpot

Quand on évoque les Alpes-Maritimes, la plupart des Français pensent mer, plages et soleil. Beaucoup moins à la montagne et au ski. Pourtant, à une heure de route de la côte et à plus de 3.000 mètres d'altitude, se blottissent dans les montagnes trois stations de sport d'hiver qui n'ont rien à envier à leurs voisines du nord des Alpes, grâce notamment aux formidables investissements engagés ces six dernières années.Jusqu'alors, Valberg, Auron et Isola 2000 n'étaient guère que des stations de proximité. " 80 % de la clientèle venait du littoral, pour l'essentiel à la journée ", observe la directrice de l'office du tourisme de Valberg. C'est toujours le cas. Sans doute la seule chose qui n'ait pas encore changé. Car près de 140 millions d'euros ont été investis (59 millions à Valberg, 40 à Auron et autant à Isola 2000). Et un peu partout, les pistes ont été remodelées, les téléskis ont laissé place à des télésièges haut débit, et les canons à neige se sont multipliés. À Valberg, 85 % des pistes sont sécurisées en neige de culture. Un record en France. Les antiques forfaits en papier ont été remplacés par des cartes électroniques rechargeables, via Internet.REVOLUTIONUne révolution qui tient plus à une volonté politique qu'à une réalité économique et à son nécessaire retour sur investissement. Car derrière cette révolution, il y a le conseil général des Alpes-Maritimes qui finance 90 % des investissements. Des prêts qui s'apparentent fortement à des subventions. " On rembourse quand on peut. Quand il reste des bénéfices, on les reverse au département. Pour nous, c'est une assurance tout risque ", reconnaît le maire d'Auron, Georges Brun, également président de la société d'économie mixte Les Cimes du Mercantour (SEMCM) qui gère et exploite les domaines skiables de la communauté de communes. De fait, le remboursement total paraît compliqué : Valberg, par exemple, vient d'investir l'équivalent de trente et une années de chiffre d'affaires. Le département que pilote l'actuel ministre de l'Outre-Mer, Christian Estrosi, considère cet investissement comme une réponse à un plus juste aménagement du territoire . " L'absence d'engagement de la collectivité nous aurait condamnés et c'était tout l'arrière-pays qui risquait de mourir. Ici, il n'y a pas d'agriculture de montagne, ni d'exploitation du bois. Tout repose sur le tourisme. Et les stations sont les moteurs de cette économie ", explique Georges Brun.1.000 LITS SUPPLEMENTAIRES" Notre challenge est d'augmenter notre capacité d'accueil. Aujourd'hui, nous restons des stations de résidents secondaires et nous disposons de peu de lits marchands ", martèle Thibaut Scherberich, responsable commercial de la SEM. Un handicap qui se résout en partie : 1.000 lits supplémentaires vont être disponibles prochainement à Isola et d'autres projets sont en cours ou à l'étude. Car au-delà de l'intérêt des investisseurs pour " une neige garantie " et des installations au top, Auron et Isola 2000 accueilleront les championnats de France de ski du 19 au 27 mars.Une reconnaissance du travail accompli depuis six ans qui incite désormais la SEM à démarcher une clientèle extérieure, des Tchèques, des Russes, des Hongrois. " À une heure de Nice, nous avons un accès facile et... l'avantage de pouvoir proposer des séjours mixtes : trois jours au ski et trois jours en thalasso sur le littoral ", argumente-t-on à l'office de tourisme. En 1933, le premier gagnant de la loterie nationale avait investi tout son pactole à Valberg. Au pied du Mercantour, on se plaît désormais à croire au jackpot permanent.
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