Les actionnaires de Baccarat se déchirent

À quelques jours de l'assemblée générale des actionnaires de Baccarat qui doit se tenir mardi, le torchon brûle. Officiellement, l'entente entre les grands actionnaires est cordiale. Mais, en coulisses, aussi bien les dirigeants du fonds d'investissement américain Starwood, qui ont repris Baccarat dans la " corbeille " Taittinger il y a un an, que les actionnaires historiques du cristallier - les fondations Cognacq-Jay et Chambrun qui détiennent 34,1 % du capital - se déchirent. L'enjeu : le contrôle de Baccarat, une petite société en termes de chiffre d'affaires (130 millions d'euros en 2005) mais une très belle marque de luxe, peu endettée (environ 8 millions). Et, surtout, l'une des seules maisons du secteur sinistré des arts de la table à afficher des bénéfices. Certes minces (2,9 millions) mais suffisants pour que le fonds américain rêve d'en faire le futur Tiffany.Suivant l'exemple du célèbre joaillier, le fonds qui s'est adjoint les services du cabinet McKinsey a tracé les grandes lignes du plan de développement. D'abord rationnaliser l'offre en réduisant le nombre de références. Tout en modernisant et en développant le réseau. Plus de trente magasins pourraient voir le jour dans les cinq ans à venir et quatre maisons Baccarat sur le modèle de l'hôtel particulier de la place des États-Unis (XVIe arrondissement, Paris) rénové par Philippe Stark devraient ouvrir à l'étranger. Une deuxième maison de ce type est annoncée pour juin en Russie.MINORITE DE BLOCAGEPour cette stratégie, Starwood a besoin d'argent. Ainsi justifie-t-il l'inscription à l'ordre du jour de résolutions permettant une augmentation de capital. Dans l'entourage des fondations, on affirme être prêt et avoir les moyens d'accompagner une augmentation de capital qui contribuerait au développement de Baccarat. Mais on se montre très suspicieux quant aux réelles intentions de Starwood. Pas question de risquer de laisser diluer sa participation. Ainsi, les fondations s'apprêtent à utiliser leur minorité de blocage pour contrer ce projet. En revanche, elles ne pourront empêcher le vote de la résolution sur la révocation de l'administrateur représentant la fondation Congnac-Jay puisqu'elle est soumise à l'AG ordinaire.L'existence de cette minorité de blocage semble être au coeur du débat. Car, malgré des démentis concernant la revente imminente de Baccarat, le fonds américain doit aussi rendre des comptes à ses actionnaires. Et la mariée sera moins belle lors d'une cession si le repreneur doit composer avec cette minorité encombrante. De leur côté, les fondations ne sont pas prêtes à céder leur participation à vil prix.
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