La stratégie américaine d'Air France-KLM en jeu

Cette fois-ci il faut que cela soit la bonne pour les ambitions d'Air France-KLM sur le marché transatlantique. Après une première requête rejetée par le département américain des Transports (DOT) en décembre 2005, quatre membres de l'alliance Skyteam, Air France, Alitalia, Czech Airlines (CSA) et Delta Air Lines viennent de redemander une extension de l'immunité antitrust qu'elles possèdent sur l'axe transatlantique à KLM et Northwest (qui en jouissent ensemble séparément). Ces dernières, partenaires depuis dix ans, ont rejoint Skyteam après le rachat de KLM par Air France en mai 2004.Véritable bras armé d'une alliance commerciale, l'immunité antitrust permet aux transporteurs d'harmoniser leurs tarifs, leurs programmes de vols - horaires, fréquences, routes - et leurs politiques commerciales. Selon un proche du dossier, les " compagnies attendent un feu vert de Washington fin 2007-début 2008 ". Le contexte est aujourd'hui plus favorable. L'accord de libéralisation transatlantique, cher à Washington, a été signé avec Bruxelles et entrera en vigueur en mars 2008 ; le transport aérien américain est redressé ; et les compagnies ont même envoyé au DOT un projet d'accord de 40 pages pour expliquer ce qu'elles feront avec cette immunité (un point qui leur avait été reproché). Enfin, Delta et Northwest auraient apporté des garanties qu'il n'y aurait pas de conséquences pour la concurrence sur le réseau intérieur.SEULE REPONSE STRUCTURELLE Mais l'immunité antitrust n'est qu'une étape. En cas d'obtention, Air France, KLM, Delta et Northwest créeront un joint-venture global sur l'axe transatlantique auquel pourront éventuellement s'intégrer CSA et Alitalia. Sans lien capitalistique dans l'aérien, un joint-venture permet aux compagnies, en plus d'harmoniser leur prix, leurs horaires et leurs politiques commerciales, de partager les coûts et les recettes. Cette exploitation commune pourrait être opérationnelle " dès mars 2009 ". Elle succéderait ainsi à ce système en place depuis dix ans entre Northwest et KLM, mais aussi à celui que comptent créer Air France et Delta en mars 2008. L'enjeu est crucial pour les compagnies européennes. C'est en effet la seule réponse structurelle pour contenir le déferlement agressif sur l'Europe de leurs partenaires américains, contraints de réduire la voilure sur le réseau intérieur sous la pression des low-cost.
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