Les visées de la SNCF suscitent l'inquiétude chez Novatrans

Chez Novatrans, on accueille la nouvelle sans grand enthousiasme. Le premier opérateur de transport combiné rail-route - qui consiste à transporter des semi-remorques et des conteneurs par voie ferroviaire - regarde d'un oeil méfiant la manifestation d'intérêt renouvelée de la SNCF à son égard. La perspective de voir la compagnie ferroviaire s'allier avec le groupe de transport et de logistique Norbert Dentressangle pour présider aux destinées de Novatrans, révélée par Les Échos du 4 janvier, est perçue comme une menace par ses dirigeants. " L'objectif de la SNCF est de mettre la main sur Novatrans pour l'adosser à sa propre filiale de transportcombiné maritime, en petite forme ", estime-t-on en interne. " La mainmise de la SNCF, notre principal prestataire de service pour la traction de nos trains, nous gênerait aussi pour conclure des contrats avec d'autres opérateurs ferroviaires, français ou étrangers ", ajoute-t-on.UN PACTE D'ACTIONNAIRESLa SNCF a depuis longtemps des vues sur Novatrans. La compagnie ferroviaire avait tenté une première offensive début 2007. Actionnaire à 38 % de Novatrans, elle était montée à 49 % et détenait une option pour passer au-delà de 50 %. Mais elle y avait renoncé, sous la menace de voir les autorités de la concurrence françaises émettre un avis négatif. Depuis, c'est un autre scénario qui se met en place. La SNCF a trouvé un allié avec le transporteur routier Norbert Dentressangle, auquel elle a cédé mi-décembre 10,4 % du capital de Novatrans. Les deux groupes travaillent depuis à établir un pacte destiné à " stabiliser l'actionnariat ", a précisé Norbert Dentressangle.Déjà, le groupe de transport routier, qui voit là l'occasion d'aborder un mode de transport dont il est pour l'instant absent, a commencé à se renforcer. Il vient d'acquérir les 3,1 % détenus par le groupe Bolloré, portant ainsi sa part à 14 %. " Avec un tel montage, qui fait intervenir un acteur privé, la SNCF peut espérer obtenir cette fois le feu vert des autorités de la concurrence ", estime un observateur. Si la compagnie ferroviaire ne commente pas ces informations, elle souligne sa volonté d'accélérer le développement de Novatrans à l'international.Feignant d'ignorer la discussion pour élaborer un pacte d'actionnaires, le groupe de transport combiné se félicite de l'entrée de Norbert Dentressangle dans son tour de table. Il y retrouve plusieurs entreprises de transport, ainsi que leur plus importante fédération, la FNTR. " Norbert Dentressangle est un important opérateur de transport, qui traite de gros flux ", souligne-t-on dans le groupe. Or, le ferroutage, une activité qui reste marginale en France (environ 250 millions d'euros de chiffre d'affaires) et ne dégage que de faibles marges, a besoin de massifier les volumes transportés pour assurer sa rentabilité. Pour Novatrans, ce sang neuf est d'autant plus bienvenu que la société, tout juste à l'équilibre en 2006, a bouclé 2007 sur une perte de quelques millions d'euros, due pour l'essentiel aux grèves de septembre et décembre à la SNCF.
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