Delta relance la concentration dans le ciel américain en courtisant Northwest et United

La proie devient le prédateur. Convoitée l'an dernier par US Airways pendant son passage sous chapitre 11, Delta Air Lines prend l'initiative de relancer une vague de consolidations dans le ciel américain. Un mouvement qu'elle avait mis entre parenthèses le 31 janvier 2007 en refusant d'être rachetée par US Airways. Selon le Wall Street Journal d'hier, la troisième compagnie américaine a l'intention de demander aujourd'hui l'autorisation à son conseil d'administration d'engager des discussions de rapprochement à la fois avec Northwest Airlines, son partenaire dans l'alliance Skyteam (celle d'Air France), mais aussi avec United Airlines, numéro deux mondial, membre de Star Alliance. L'objectif est d'aboutir avec l'une des deux, leur valeur boursière étant équivalente à 3,5 milliards de dollars.Il s'agit d'un véritable coup de tonnerre. Si l'un de ses projets aboutissait, il créerait une compagnie d'une taille jamais atteinte dans l'histoire de l'aviation. Un couple Delta-United transporterait par exemple près de 200 millions de passagers à l'année, soit 2,5 fois plus qu'Air France-KLM (73,5 millions l'an dernier). Un mariage Delta-Northwest serait d'une taille légèrement moindre (180 millions de passagers).LES NUAGES S'AMONCELLENTLa conjoncture n'est pas étrangère à cette décision. Si les compagnies américaines sont devenues les plus rentables du secteur après des années de restructuration, les nuages s'amoncellent. Le baril à près de 100 dollars - que les compagnies américaines ne peuvent compenser par un taux de change favorable commes les européennes - est forcément un facteur de consolidation. Le ralentissement de l'activité en lien avec le ralentissement de l'économie américaine encore plus. Enfin, la perspective de l'élection présidentielle américaine en novembre 2008 pousse à lancer les grandes manoeuvres rapidement. Plusieurs analystes estiment que tout projet de fusion aura plus de chances d'obtenir l'aval de l'administration Bush, qui a déjà approuvé deux fusions, dont celle entre America West et US Airways en 2005, plutôt que celui d'un département de la justice contrôlé par les démocrates.Dans cette partie à trois, aucun des PDG n'est hostile à une fusion. Pour autant, c'est avec Northwest que les chances d'aboutir apparaissent les plus grandes. En novembre dernier, le projet du fonds d'investissement Pardus, à la fois actionnaire de Delta et d'United, de fusionner ces deux compagnies avait provoqué un tollé des pilotes de Delta. De plus, il sera plus difficile de discuter avec United, qui se considère lui aussi comme un prédateur, qu'avec Northwest. Enfin, Delta et Northwest ont l'avantage de bien se connaître. Le PDG de Delta, Richard Anderson, était déjà celui de Northwest il y a quelques années. De plus, les deux compagnies sont partenaires dans l'alliance Skyteam. Un scénario qui conviendrait d'ailleurs très bien à Air France-KLM. Comme La Tribune l'avait annoncé le 13 avril 2007, le groupe français poussait depuis longtemps pour un tel rapprochement, qui préserverait ses positions outre-Atlantique. Hier, cette annonce et les rumeurs qui l'ont précédée ont fait bondir le titre de Northwest de 31,97 % à la clôture de Wall Street et toutes les valeurs du secteur dans son sillage.
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