Fair, une PME sous la pression de ses grands clients

Par latribune.fr  |   |  321  mots
Depuis octobre, Bruno Thierion mesure, à son échelon, la réalité de la crise financière et bancaire. Coup sur coup, ce patron d'une petite PME, Fair , spécialisée dans le négoce d'outillage industriel, a été averti par certains de ses grands clients de changements significatifs dans les conditions de paiement. Pont-à-Mousson , filiale de Saint-Gobain, a ainsi décidé de ne lui payer ses factures de fin d'année qu'en janvier. Unimétal , filiale d' Arcelor-Mittal , lui a indiqué qu'à l'avenir, il serait payé à 90 jours et non plus à 60 comme auparavant. Même Gaz de France , jusqu'alors ponctuel, a allongé ses délais de paiement de 45 à 60 jours. Sans aucune possibilité de négocier. " De mémoire d'industriel, il faut remonter à 1993 pour retrouver des changements de comportement aussi abrupts " , assure M. Thierion. Une période noire pour lui. À l'époque, il avait dû déposer le bilan. Depuis, il en a tiré quelques leçons, dont celle d'une nécessaire diversification. " Si je n'avais eu que ces quelques gros clients, cela aurait été très difficile. Heureusement, j'ai la chance de travailler pour 250 à 300 firmes, ce n'est pas pareil " , explique-t-il.Malgré tout, devoir faire l'impasse pendant un mois ou plus sur des factures de 10.000 à 15.000 euros à chaque fois représente un certain effort financier pour cette PME de 600.000 euros de chiffre d'affaires. " Par chance, notre situation de trésorerie est bonne. Je n'ai pas eu à renégocier des facilités bancaires. Mais si j'avais eu à le faire, je ne sais comment cela aurait pu évoluer ", confie M. Thierion.Il s'attend à ce que les prochains mois restent compliqués. Par expérience, il sait que lorsque les entreprises clientes ont commencé à goûter aux facilités du crédit fournisseur, il leur faut beaucoup de temps pour s'en déprendre. Quand on évoque devant lui les intentions du gouvernement de limiter les délais de paiement à45 jours, il ne peut s'empêcher de soupirer .