Suez, Total et Areva à l'assaut des marchés nucléaires internationaux

En unissant leurs forces, Suez, Total et Areva créent une nouvelle voie pour la filière nucléaire française, au moins pour partir à l'assaut du très prometteur marché international. En commençant par le pourtour méditerranéen, dans le sillage des accords nucléaires civils signés par Nicolas Sarkozy. Cette coopération inédite entre les trois industriels français pour proposer deux réacteurs nucléaires de troisième génération EPR aux Émirats arabes unis permet à chacun d'entre eux de marquer des points. Total - et c'est une première pour une major pétrolière - concrétise sa volonté de prendre position dans le nucléaire. Pour son patron Christophe de Margerie, " c'est la confirmation d'une stratégie qui s'inscrit sur le long terme ". Total, qui commence à embaucher des ingénieurs spécialisés dans le nucléaire, sait qu'il doit " apprendre " . Mais il sait aussi combien son expertise dans le financement et la gestion des gros projets est précieuse. Tout comme sa connaissance parfaite du terrain où les trois acteurs français souhaitent s'engager. Les pays du Golfe, tout à leur préparation de l'après-pétrole, étudient la possibilité, comme Abou Dhabi, de réserver leur or noir à l'export. Et de recourir au nucléaire pour leurs énormes besoins en électricité, notamment pour dessaler l'eau de mer. En décembre 2006, six pays du Golfe ont annoncé leur volonté de se lancer ensemble dans le nucléaire à horizon 2025.Tout aussi spectaculaire, pour Suez, il s'agit de " rentrer de plain-pied dans l'exploitation de centrales nucléaires " en dehors de sa base historique en Belgique. Après la Roumanie et la Bulgarie où le groupe franco-belge a répondu à deux appels d'offres, Suez veut aller encore plus loin en se portant candidat en Grande-Bretagne où il est en discussion avec British Energy pour la construction et l'exploitation de centrales de technologie EPR. De la même façon, Gérard Mestrallet (voir ci-dessous) compte bien construire son propre EPR en France. La décision devrait être prise en 2009.UN MARCHE TRES PROMETTEURDe son côté, Areva en profite pour positionner son nouveau réacteur EPR sur un marché extrêmement prometteur. Mais surtout, cette coopération avec Total et Suez est l'occasion pour le constructeur nucléaire français d'afficher, devant Nicolas Sarkozy, sa capacité à nouer des accords importants avec des industriels autres que Bouygues et Alstom. Ces deux groupes, dirigés par des amis du président de la République, font pression depuis des mois pour prendre leur part à la relance du nucléaire civil, notamment en entrant au capital d'Areva. Accessoirement, Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, en profite pour évincer EDF, l'exploitant nucléaire de référence dans le monde, son partenaire obligé en Chine et aux États-Unis.Contrats pour Areva et Suez au qatarLe pôle Transmission et Distribution d'Areva signe aujourd'hui avec la Compagnie d'électricité et des eaux du Qatar le plus gros contrat de son histoire, d'un montant de 500 millions d'euros. De son côté, Suez est le seul candidat en lice pour le projet de Ras Laffan. Un contrat de production d'électricité et de dessalement d'un montant de 3,7 milliards de dollars. Le verdict tombera le 26 février.
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