Air France ne mettra pas Alitalia à l'égal de KLM

Parmi le flot d'incertitudes qui plane autour de la phase de négociations exclusives pour la reprise d' Alitalia , qui s'ouvre aujourd'hui pour huit semaines, la place de la compagnie italienne au sein du groupe Air France-KLM semble déjà actée en cas de succès de l'opération. Selon plusieurs sources internes, le transporteur italien aura un statut différent de celui de KLM, passé sous la coupe d'Air France en mai 2004. Alitalia ne sera pas intégré à Air France comme l'est la compagnie hollandaise. Si l'offre publique d'échanges sur les titres du transporteur transalpin réussit, Alitalia sera certes juridiquement une filiale du groupe Air France-KLM au même titre qu'Air France et KLM. Mais en pratique, son fonctionnement sera plus proche de celui de Régional ou de Britair, deux filiales d'Air France. En clair, il n'y aura pas de fusion des équipes comme sont à peine en train de le mettre en oeuvre Air France et KLM dans plusieurs activités stratégiques, une étape qui n'était pas prévue au moment du mariage franco-néerlandais il y a trois ans. " Avec KLM il n'y avait pas de risques industriels. Avec Alitalia, il y en a un ", explique-t-on chez Air France.CALMER LA GROGNE DES HOLLANDAISUn moyen de laisser la compagnie italienne à distance. Et de rassurer les nombreux sceptiques chez Air France, pour qui le rapprochement avec KLM est déjà lourd à digérer. Mais aussi de calmer la grogne chez les Hollandais. Outre le douloureux souvenir du divorce avec Alitalia en 2000 (voir " La Tribune " du 31 janvier), KLM redoutait de voir remise en cause la quasi parité dans la gouvernance du groupe obtenue au moment du rachat par Air France, pourtant d'une taille deux fois plus importante. Pour autant, les Italiens devraient être représentés au nouveau comité exécutif du groupe.Un tel statut, combiné au fait que 51 % des droits de vote d'Alitalia seront probablement placés dans une entité transalpine afin de préserver la nationalité italienne de la compagnie et ses droits de trafic vers les pays non-communautaires, pourrait laisser croire que la compagnie bénéficiera d'une relative autonomie. Il n'en est rien. Alors que KLM jouit avec succès d'une quasi-indépendance, Air France entend en revanche détacher en Italie une partie de ses équipes pour occuper des postes clés du management d'Alitalia, notamment celui de directeur général. Officiellement, ces questions ne sont pas encore d'actualité. Si le dossier Alitalia n'avait pas autant traîné en longueur, la présidence de la compagnie semblait promise à Patrick Alexandre,52 ans, jusqu'à récemment directeur adjoint en charge des ventes internationales chez Air France. Mais ce pur produit du groupe français vient de prendre la présidence de la filiale Servair le 2 janvier. Pourtant, son nom circule encore en interne pour le poste de directeur général.
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