Mittal casse son ex-vitrine sociale en Lorraine

Le réveil est brutal pour cette aciérie, présentée comme la vitrine sociale de Mittal pendant l'OPA sur Arcelor. Le site avait voulu croire en son futur après sa vente en 1999 pour 1 franc symbolique à Lakshmi-Mittal, à l'époque un parfait inconnu. Usinor ne voyait plus alors d'avenir en Europe pour la fabrication des fils d'acier, spécialité de l'usine de Gandrange (Moselle). Hier, le groupe Arcelor-Mittal a annoncé la fermeture partielle de cette usine, supprimant 595 des 1.000 emplois que compte le site.Les problèmes de cette usine, construite à l'orée des années 1960 près des sites d'Hayange et de Florange ne datent pas d'hier. " Mais le tableau noir décrit aujourd'hui par la direction fait l'impasse sur vingt ans d'erreurs stratégiques industrielles ", estime Édouard Martin, élu CFDT au comité d'entreprise européen du groupe.Gandrange souffre aujourd'hui de plusieurs maux, dont les difficultés de ses principaux clients, les équipementiers automobiles. Au départ, le site a été conçu pour fabriquer des produits " longs " en acier (poutrelles pour la construction, fils pour les pneus...), grâce au minerai local. Après la fermeture des mines lorraines, " un compromis boiteux a été adopté ", estime un spécialiste. En 1993, Guy Dollé, alors patron de l'usine, a fait construire par son groupe un four " encore unique à ce jour ", permettant de fabriquer de l'acier à la fois avec de la fonte, issue des hauts-fourneaux voisins, et de la ferraille. Le tout fonctionnant à l'électricité. En 2006 et 2007, la facture d'électricité s'est d'autant plus envolée que l'usine a quitté volontairement EDF. " Le surcoût lié à ce choix s'élève à 40 millions d'euros sur deux ans ", selon la CFDT. Le site affiche une perte nette de 45 millions d'euros sur ces deux dernières années.AU BENEFICE DU SITE VOISINEn fermant l'aciérie et le train à billettes (une installation de laminage pour la fabrication de cylindres de métal) de Gandrange, Arcelor-Mittal récupère de la fonte. Ce qui va lui permettre d'augmenter les capacités de son site de Florange, spécialisé dans les tôles pour automobile. Florange doit bénéficier de 65 millions d'euros d'investissements en 2008. De quoi attiser les vieilles rancunes entre les vallées ennemies.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.