Air France-KLM pourrait aider Delta et Northwest à fusionner

La redistribution des cartes du transport aérien américain qui s'annonce risque fort de se jouer en partie à Paris, dans le bureau du président d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta.Au moment où son allié, Delta Air Lines, relance les grandes manoeuvres outre-Atlantique en ouvrant des discussions pour fusionner, soit avec Northwest soit avec United (La Tribune du 11 janvier), le groupe français peut peser dans le dossier. Ces deux scénarios envisagés par Delta sont complètement antinomiques pour l'avenir des positions françaises outre-Atlantique. Un mariage avec Northwest, très proche de KLM, les solidifierait, tandis qu'un rapprochement avec United, lié à son rival Lufthansa, pourrait les faire voler en éclats.MESSAGE AU PERSONNELLe PDG de Delta, Richard Anderson, l'a bien compris. Air France-KLM est au coeur de sa stratégie de consolidation, qui tend plus, dans son esprit, vers Northwest - dont il a été le PDG -, que vers United. Son agenda le prouve. Vendredi dernier, à peine avait-il reçu le feu vert de son conseil d'administration pour entamer des discussions avec Northwest et United, qu'il prenait l'avion, non pas pour Minneapolis ou Chicago, sièges de Northwest et de United, mais pour Paris. Là, pendant le week-end, il a rencontré Jean-Cyril Spinetta, comme l'indiquait hier le Wall Street Journal. Mardi, de retour à Atlanta, dans un message au personnel, Richard Anderson préparait ses troupes en rappelant la nécessité d'une fusion.Selon notre confrère américain, Air France-KLM pourrait apporter un soutien stratégique ou financier à Delta, pour l'aider à se rapprocher de Northwest. Le sujet n'est pas nouveau. Redoutant un basculement d'alliances de ses partenaires américaines, à la suite de l'échec en janvier 2007 du rachat de Delta par US Airways, la compagnie française a commencé à ouvrir le dossier, comme le révélait La Tribune le 13 avril 2007.SORTIE DE LIQUIDITES POUR ALITALIAÀ l'époque, selon nos informations, Air France-KLM avait fait savoir à Delta et Northwest, encore sous Chapitre 11 pour quelques semaines, qu'il était prêt à favoriser leur rapprochement par un investissement financier, jugé symbolique. À condition que les compagnies américaines le demandent et qu'elles ouvrent les portes de leur conseil d'administration. Les Américains ont pris note, mais n'ont rien demandé. Ils n'en avaient pas besoin. Ils sont sortis de Chapitre 11 revigorés en mai et juin dans un climat favorable. Aujourd'hui, le paysage est différent. Le baril est au plus haut, et la conjoncture économique menace l'activité. Deux facteurs de consolidation. C'est dans ce nouveau contexte que se comprend la visite à Paris de Richard Anderson. N'est-il pas venu vérifier si la proposition française était toujours d'actualité ? Probablement. Car pour Air France-KLM, la donne a également changé. Le groupe est en négociations exclusives pour la reprise d'Alitalia. Celle-ci, même si elle passe par un échange de titres, occasionnera néanmoins une sortie de liquidités immédiate liée à l'augmentation de capital de 700 millions d'euros et au remboursement d'obligations du même montant environ. Un effort financier qui limitera forcément les capacités d'investissement de la compagnie.Le principe d'un investissement américain, cependant, resterait toujours d'actualité. " S'il peut favoriser un mariage Delta-Northwest, Air France-KLM le fera " , estime un observateur. L'enjeu est de taille à l'aube de l'ouverture du ciel transatlantique en avril. Surtout, il y a là le moyen de préparer le terrain en cas d'ouverture plus large du capital des compagnies américaines, limitée aujourd'hui à 25 % des droits de vote pour un étranger.
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