Rejeté à la porte d'ITV, BSkyB doit revoir ses plans

Une décision du ministre britannique de l'Industrie et des Entreprises, John Hutton, a mis fin hier au feuilleton ITV. Reprenant les conclusions de la Competition Commission, l'autorité antitrust britannique, le gouvernement de Sa Majesté a demandé à BSkyB, le bouquet de télévision payante, de céder plus de la moitié de la participation qu'elle détient dans ITV, troisième chaîne de télévision terrestre du Royaume-Uni, derrière BBC1 et BBC2. BSkyB, contrôlée à 39 % par le groupe Murdoch, avait acquis 17,9 % du capital d'ITV en novembre 2006 pour 940 millions de livres (1,35 milliard d'euros de l'époque). Le gouvernement lui impose maintenant de ramener son paquet à moins de 7,5 % et à ne pas chercher à siéger au conseil d'administration, estimant qu'il y aurait en cas contraire une atteinte au pluralisme audiovisuel.BRAS DE FER ENTRE DEUX HOMMES D'AFFAIRES Pour BSkyB, c'est un double revers : non seulement le groupe doit abandonner son projet de se doter au Royaume-Uni d'une plate-forme dans la télévision terrestre complémentaire à son bouquet satellitaire, mais il s'apprête à essuyer une moins-value de 250 millions de livres (336,7 millions d'euros). Le cours de Bourse d'ITV, qui atteignait 135 pence par action en novembre 2006, a rechuté depuis. Hier, il était à 73 pence.BSkyB peut faire appel jusqu'au 25 février. Mais les analystes doutent de cette éventualité. D'autant plus que la chaîne du groupe Murdoch peut se réjouir d'avoir au moins atteint un objectif : rendre plus difficile la conquête d'ITV par Virgin Media (ex-NTL), le groupe rival mené par Richard Branson. Celui-ci avait tenté sans succès, en 2006, d'acquérir ITV, avant que l'entrée en jeu de BSkyB ne vienne davantage compliquer ses plans. Aujourd'hui, Virgin Media, aux prises avec ses problèmes internes (la fusion entre le câblo-opérateur NTL et Virgin Mobile reste laborieuse), ne paraît pas en mesure de repartir à l'offensive.Le feuilleton ITV aura montré que dans le bras de fer entre deux hommes d'affaires plutôt proches du Parti travailliste - Richard Branson et Rupert Murdoch - le gouvernement de Gordon Brown a choisi dans ce cas de donner raison au premier. Ou du moins, il n'a pas permis à Murdoch d'étendre davantage son emprise sur des médias britanniques où il est déjà un grand propriétaire, notamment avec les journaux The Sun et The Times.
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