Qu'elle est cruelle la réalité des chiffres comparée aux grands discours. Le tandem nommé à la tête de Yahoo l'an passé et composé de son fondateur, Jerry Yang, et de l'ancienne directrice financière, Susan Decker, semble avoir quelque peine à faire ses preuves. Concurrencé par Google, mais aussi les réseaux sociaux comme Facebook ou MySpace,­­ le portail Internet ne voit toujours pas le bout du tunnel. Pour pallier ces difficultés, le portail a annoncé la suppression de 1.000 postes, soit 7 % de ses 14.000 salariés dans le monde.Pour 2008, les perspectives sont moroses. " Nous allons affronter une nouvelle année de turbulences ", a admis Jerry Yang dans un communiqué. Le portail prévoit un chiffre d'affaires annuel hors coûts d'acquisition compris entre 5,35 et 5,95 milliards de dollars, soit une prévision moyenne de croissance de 10 % sur un an, inférieure au marché de la pub en ligne, qui devrait croître de 22 % cette année, selon e-Marketer. En outre, le portail devrait pâtir d'une conjoncture économique en voie de dégradation. Le dernier exercice a été marqué par une baisse de 23 % du résultat net à 205 millions de dollars. Quant au chiffre d'affaires, il a augmenté de 14 %, à peu près en ligne avec les attentes.Sur les orientations qu'il compte prendre, Yahoo reste toujours aussi discret. Il a simplement annoncé le renouvellement d'un partenariat pluriannuel avec l'opérateur télécoms AT&T. Sinon, on sait que le portail passe depuis plusieurs mois l'ensemble de ses activités au peigne fin, afin de sélectionner celles sur lesquelles se recentrer. En Europe, il connaît beaucoup moins de succès qu'aux États-Unis. Et si outre-Atlantique son audience globale est légèrement supérieure à celle de Google, il n'en tire pas le même profit.UNE PROIE CONVOITEESelon l'institut Comscore, la part de marché de Google dans la recherche sur Internet était de 58,4 % en décembre contre 22,9 % pour Yahoo. Or les liens sponsorisés (commerciaux), qui reposent sur les recherches effectuées par les internautes, représentent une source de croissance considérable dans la publicité sur Internet. Et, sur ce terrain-là, Yahoo reste en retard, malgré la refonte de son outil publicitaire l'an passé. Beaucoup remettent en cause le modèle de portail médias généralistes de Yahoo et appellent de leurs voeux à un recentrage sur la technologie et le service. Yahoo semble tenir compte de ces remarques. Au salon électronique de Las Vegas en janvier, Jerry Yang a présenté l'ébauche d'un portail de services type Google ou le réseau social Facebook, qui réunirait des outils maison comme le mail mais aussi des applications venues de contributions extérieures. En tout cas, pour beaucoup, Yahoo devient une proie de plus en plus intéressante pour des grands acteurs du Net, en particulier pour Microsoft.

latribune.fr

26 Sept 2008, 4:16

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