Les pratiques de Carrefour mises en cause par Coop Atlantique

Visites d'huissiers, saisies de documents, avalanchede procédures, courriersrecommandés... Les relations se dégradent entre Carrefour et son partenaire commercial Coop Atlantique . Au coeur du conflit : le groupe coopératif soupçonne Carrefour de ne pas lui reverser la totalité des marges arrière qui lui sont dues en vertu de leur contrat d'association. Le litige remontant à 2000, les sommes en jeu pourraient être considérables. Elles avoisineraient la centaine de millions d'euros, selon des spécialistes du secteur. Carrefour a porté le différend devant un tribunal arbitral, comme c'est l'usage pour les désaccords concernant des contrats de partenariat ou de franchise. La décision des arbitres est attendue dans le courant de cette année.Le différend est emblématique de la complexité, voire de l'opacité, qui règne sur ces fameuses marges arrière, négociées hors facture d'achat par les distributeurs auprès de leurs fournisseurs en contrepartie de services divers.Ayant signé un contrat de partenariat avec Carrefour en 1997, Coop Atlantique (qui exploite à ce titre 7 hypermarchés sous enseigneCarrefour et 39 supermarchés Champion) l'a ainsi mandaté pour négocier (entre autres) ces rémunérations en son nom, les sommes lui étant reversées par la suite. Mais dès 2000, le groupe coopératif commence à soupçonner son associé de ne pas lui reverser la totalité des sommes dues. Les preuves ne sont pas faciles à rassembler, les contrats de " coopération commerciale " étant jalousement gardés secrets.SOLUTION AMIABLE POSSIBLEFaute d'obtenir des réponses de Carrefour, et faute de réussir à faire instaurer un système plus transparent, le groupe coopératif finit par s'adresser à la justice. Il obtient en octobre 2007 du tribunal de commerce de Paris l'autorisation de faire saisir les contrats concernés chez Carrefour et chez 34 industriels. Parmi les sociétés qui ont reçu la visite d'huissiers les 3 et 5 octobre figurent, à côté de PME, des grands noms du champagne (Laurent Perrier, Vranken Pommery Monopole), des boissons alcoolisées (Ricard, Pernod, Kronenbourg), et des produits de grande consommation (les filiales françaises d'Unilever, Nestlé, Mars).Depuis lors, ces contrats sont à la disposition du tribunal arbitral. Contacté par La Tribune, Carrefour confirme l'existence d'un problème " d'interprétation de contrat " avec Coop Atlantique, mais se refuse de commenter une affaire en cours. Tout en précisant que ces procédures " n'excluent pas la possibilité d'une solution amiable ".Chez Coop Atlantique en revanche, l'amertume est d'autant plus grande que le président du directoire, Loïc Pelletier, estime que ce manque à gagner " a pesé lourdement sur les résultats de ces dernières années ". En perte en 2005, le groupe a dégagé un résultat d'exploitation d'à peine 2 millions d'euros en 2006 (pour un chiffre d'affaires de 839,5 millions) et devrait être de nouveau légèrement bénéficiaire en 2007. Au-delà, le litige pourrait avoir des répercussions sur la collaboration entre les deux groupes. " Le non-respect de clauses essentielles de notre contrat peut aboutir à une remise en cause de notre partenariat " avertit Loïc Pelletier. Un message qui ne devrait pas laisser indifférents les grands concurrents de Carrefour.
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