La Ligue échoue à faire monter les enchères sur les droits du foot

Le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, a perdu une manche décisive hier. L'appel d'offres des droits du championnat de football de Ligue 1 pour la période allant de 2008 à 2012 n'a pas trouvé preneur. Les principaux lots de l'appel d'offres, qui couvrent l'ensemble des 380 matchs d'une saison de Ligue 1, n'ont pas été attribués faute d'offres financières suffisantes. Les propositions pour les trois lots fans, qui couvrent les matchs du samedi à 19 heures et du dimanche à 15 heures, et les trois prestigieux lots premium des matchs du samedi et du dimanche soir, étaient en dessous du prix de réserve, le minimum fixé par Frédéric Thiriez. Dans un communiqué laconique, la Ligue a décidé "d'ouvrir une deuxième phase de la procédure" sur l'ensemble des lots dans les prochains jours. Si la LFP s'est "félicitée" de la candidature de l'opérateur Orange sur les lots premium, et d'une réelle compétition entre deux acteurs désormais majeurs (Canal Plus et Orange), la poursuite de la compétition est un aveu d'échec. La stratégie de découpage du championnat en une multitude lots et la mise en place de règles complexes de la Ligue pour faire jouer la concurrence face à un Canal Plus, devenu tout-puissant depuis la reprise de TPS, n'a pas tenu ses promesses. Malgré les déclarations offensives de son président, Didier Lombard, Orange n'a pas surenchéri autant que l'espérait la Ligue de football. Cette dernière se retrouve donc affaiblie face à l'actuel détenteur exclusif des droits de la Ligue 1. La Ligue avait prévu une journée marathon pour ces enchères séquentielles. Les candidats des lots fans, qui croyaient avoir obtenu ces lots en fin de matinée, ont été informés plus tard dans la journée que cette offre n'avait finalement pas trouvé preneur, faute d'avoir atteint le prix minimum fixé par la Ligue, conservé secret jusqu'alors par un huissier. Scénario identique sur les lots premium. En conséquence, le reste des lots prévus par Frédéric Thiriez n'a pas été attribué non plus. Il s'agit de l'ensemble des lots magazine, en particulier de "France 2 Foot", racheté l'an passé par France Télévisions pour 24,5millions d'euros. Cette offre intéressait notamment Canal Plus, Orange, M6, TF1 et France Télévisions. À remettre en jeu également, les lots mobiles et VOD, sur lesquels s'étaient positionnés SFR, Orange et Dailymotion. Après cette première manche perdue, il va être difficile pour la Ligue de football de faire monter les droits du football comme elle l'entendait. Lors du dernier appel d'offres de 2004,motivé parTPS,CanalPlus avait déboursé 1,8 milliard d'euros pour trois saisons de championnat. Il avait depuis fait savoir qu'il comptait bien faire baisser la facture. L'objectif revendiqué par certains patrons de club de football de vendre le championnat 750 millions d'euros semble au regard des événements d'hier complètement illusoire. Jusque-là, la Ligue semblait bien partie. Elle avait réussi à attirer neuf candidats en tout contre trois il y a quatre ans. La procédure avait été pensée dans ses moindres détails. Jusqu'à tard hier soir aucune information n'avait filtré du cabinet d'avo- LES FAITS. Les enchères organisées hier par la Ligue de football sur la Ligue 1 pour quatre saisons n'ont pas permis d'attribuer les droits de la compétition, faute d'atteindre le prix plancher attendu. Un revers pour la Ligue qui devra revoir sa copie. DROITS SPORTIFS Les droits des matchs s'élèvent à 660 millions d'euros pour la saison 2007-2008. cat Clifford Chance place Vendôme à Paris, où se sont déroulées les enchères. Depuis 8 heures le matin. Signe de l'inquiétude dumonde du football, le conseil d'administration de la Ligue de football, devant donner les résultats définitifs, s'est prolongé jusqu'à 22 heures. Afin d'éviter les fuites et de s'assurer du bon déroulement de la procédure, des huissiers étaient présents chez les candidats restés au siège de l'entreprise. À l'image de l'état-major de Canal Plus, son PDG, Bertrand Méheut, le directeur général, Rodolphe Belmer, et Alexandre Bompard, directeur des sports, et probablement de Jean-Bernard Lévy, le PDG de Vivendi. De même chez France Télécom, principal adversaire de Canal Plus, où Patricia Langrand, directrice de la division contenus, et le PDG, Didier Lombard, étaient restés au siège de l'opérateur pour élaborer leurs offres. Un dispositif équivalent était prévu chez Clifford Chance. Mission de ces huissiers dépêchés exceptionnellement : valider la communication avec la Ligue, autrement dit décrocher le téléphone (crypté) ou envoyer d'éventuels fax et transporter les enveloppes financières. Si, jusque-là, le monde du football est resté uni derrière Frédéric Thiriez, ce premier échec devrait raviver certaines rancoeurs.
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