Dominique Bussereau : " Une réflexion rapide s'impose sur l'organisation du système ferroviaire "

Des dissensions existent à plusieurs niveaux entre la SNCF et Réseau Ferré de France, le gestionnaire et le propriétaire de l'infrastructure ferroviaire. Est-ce un dysfonctionnement du modèle ferroviaire français ?Le modèle français a le mérite d'être pluriel ! Depuis la création de RFF en 1997, chacun a pris ses marques. Mais je pense qu'une réflexion rapide s'impose sur l'organisation du système pour voir s'il faut l'adapter afin de tenir compte des besoins mis en exergue par le Grenelle de l'Environnement. Face à l'arrivée de la concurrence dans le transport des voyageurs en 2010, la création d'une autorité de régulation était prévue pour le début de l'année. Où en est ce projet ?En raison des élections municipales de mars, le temps de travail du Parlement en ce début d'année est court. Le ministre d'État, Jean-Louis Borloo, a décidé par ailleurs qu'une loi unique rassemblerait l'ensemble des mesures mises en oeuvre dans le Grenelle, dont la création de l'autorité de régulation ferroviaire et de la taxe kilométrique sur les poids lourds empruntant le réseau routier national. Le projet de loi sera prêt avant l'été. Dans le cadre des travauxpost-Grenelle, nous allons également identifier les 2.000 km delignes à grande vitesse supplémentaires à l'horizon 2020 et discuter des nouveaux chantiers post-2020. À quels nouveaux tracés songez-vous ?Nous étudions par exemple un tracé TGV à travers la région Centre qui desservirait Clermont-Ferrand et constituerait une alternative à la ligne Paris-Lyon en voie de saturation. Cette nouvelle ligne pourrait aussi servir aux trafics fret Ouest-Est, de Nantes à Lyon. Plus près de nous, une nouvelle autoroute ferroviaire entre la région parisienne et la frontière espagnole pourrait entrer en circulation autour de 2009-2010. Le projet Carex, qui consiste à transférer vers le ferroviaire du fret aérien à partir de l'aéroport de Roissy, avance également. Le cahier des charges du futur matériel est en cours de réflexion. Quelle est votre priorité ?La priorité des priorités, c'est le fret ferroviaire. J'ai reçu récemment les organisations syndicales de cheminots, inquiets du projet de restructuration lancé par Fret SNCF. Je leur ai dit que le gouvernement respectait l'autonomie de l'entreprise. Mais la SNCF a une obligation absolue de réussite. C'est un dossier d'intérêt national pour tous les Français. Vous avez soutenu la création des opérateurs ferroviaires de proximité, pour pallier l'abandon progressif par la SNCF de son activité de wagons isolés. Mais la création de tels opérateurs prend du retard...Les opérateurs ferroviaires de proximité auront un rôle très important. Nous ne ferons pas la relance du fret ferroviaire sans eux. D'autres acteurs doivent prendre le relais de la SNCF pour aller chercher des petits wagons. Il peut s'agir d'entreprises du secteur routier, de ports, de coopératives agricoles, etc. Nous allons mettre en place immédiatement un comité de pilotage chargé de dynamiser les projets et d'accompagner les entreprises intéressées. Vous avez commencé vos concertations en vue de réformer les ports et serez aujourd'hui à Marseille. Comment cela se passe-t-il ?Le dialogue se déroule dans de bonnes conditions. Nous montrons que nous sommes ouverts. La France va prendre la présidence de l'Union européenne au deuxième semestre. Quels sujets voulez-vous voir aborder ?Notre priorité est de renforcer la sécurité. Au niveau routier, il faut se donner les moyens pour que les conducteurs étrangers acquittent leurs amendes. Après le drame de l'Erika, il faut renforcer encore la sécurité maritime. Je trouve d'ailleurs que le groupe pétrolier Total commet une véritable erreur en faisant appel du jugement. Nous souhaitons aussi développer le ciel unique européen, qui permettra des routes aériennes plus directes, et donc des économies de carburant et une diminution de la pollution. L'harmonisation du cadre réglementaire doit aussi être poursuivie, dans le domaine notamment du transport routier de marchandises.La démission de prodi complique le rachat d'alitaliaPour l'État, actionnaire d'Air France-KLM, la démission du gouvernement Prodi menace-t-elle le rachat d'Alitalia ? Cet événement peut compliquer la négociation, mais il ne l'interrompt pas.Le financement de l'A350 n'est pas réglé. Êtes-vous favorable à des avances remboursables ?Pour l'heure, Airbus n'a pas sollicité l'État sur ce type de dispositif. S'il le faisait, nous examinerions cette demande avec attention. Mais, le plus important, c'est le niveau de commandes enregistrées par Airbus et celles à venir. Il y a par exemple des discussions avec Tunisair pour le renouvellement de sa flotte, mais aussi de vrais espoirs en Inde et au Japon. Avec ses A350 et ses A380, Airbus pourrait faire une percée sur le marché japonais, certaines compagnies comme All Nippon Airways pourraient être intéressées.Une cession des titres ADP est-elle envisagée ?À ce stade, il n'est pas dans l'intention de l'État de céder ses titres d'Aéroports de Paris.
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