C'est l'issue d'un bras de fer, qui se solde par une alliance, mais apparaît en fait comme une victoire pour le français Orange. L'opérateur mobile a annoncé hier matin un accord de coopération avec le premier fabricant mondial de téléphones portables, Nokia, visant à développer en commun des services " à valeur ajoutée " dans la géolocalisation, la publicité sur mobile et les jeux vidéo. Orange ne mettra pas en avant la plate-forme de services Internet de Nokia, Ovi, sur les portables du finlandais qu'il vend : au contraire, Nokia va s'effacer derrière les services " sous signature Orange ". En particulier, l'Orange Music Store de l'opérateur français sera le service musical par défaut des téléphones Nokia qu'il distribue dans tous les pays où Orange est présent." Ils ont reconnu que nous avions une plate-forme de premier plan dans la musique ", s'est félicité Olaf Swantee, directeur exécutif des activités mobiles d'Orange, au Congrès mondial du mobile, à Barcelone. En revanche, Nokia, qui a acquis les éditeurs de logiciels de cartographie Gate5 et Navteq, apportera ses services de cartes et de localisation. Dans les jeux, bien que Nokia développe son propre site N-Gage, qui vient d'être lancé avec plusieurs mois de retard, l'accord prévoit que les deux partenaires proposeront " un portefeuille conjoint de jeux ". Cet accord doit être renforcé par un " partenariat stratégique" avant la fin juin. Pour Nokia, l'annonce apparaît comme une reculade, au moment où il cherche à capitaliser sur son leadership dans les terminaux pour imposer sa plate-forme Ovi, naissante, dans l'espoir de générer de nouvelles recettes dans les services.Les opérateurs ne voient guère d'un bon oeil les ambitions du finlandais dans ce champ où ils cherchent eux aussi à accroître leur chiffre d'affaires, alors que les recettes traditionnelles venant du trafic voix reculent. Le ton s'était durci entre Nokia et certains opérateurs : Didier Lombard, PDG de France Télécom, avait eu des mots acerbes à l'égard de l'équipementier, estimant par exemple qu'il ne jouait " pas dans la même cour qu'Apple " en termes de notoriété et n'aurait donc jamais concédé au finlandais le même schéma de partage de recettes exigé par la firme à la pomme pour la distribution de son iPhone. " Avec Nokia, nous sommes parfois concurrents, parfois partenaires ", a relevé hier Olaf Swantee. Les deux groupes vont développer une plate-forme de publicité sur mobile, Orange ayant l'ambition de " devenir un leader de la publicité sur mobile ", un marché estimé par le cabinet Jupiter Research à 2,9 milliards de dollars dans le monde en 2011. Malgré les réticences des opérateurs, Nokia a réussi à placer sa plate-forme Ovi chez Telefonica et a signé un accord similaire avec Vodafone en novembre dernier : Ovi sera disponible sur les portables de l'opérateur britannique en Europe, mais elle cohabitera avec les services Vodafone Live.ESSOR DU MARCHE PUBLICITAIRELe directeur exécutif de Vodafone, Arun Sarin, a clairement exprimé l'urgence pour les opérateurs télécoms de se lancer dans la bataille des services. " Nous nous situons à un tournant important, a-t-il déclaré hier. Nous ne pouvons nous cantonner à un rôle de fournisseur de services de voix et de SMS. Si nous ne voulons pas devenir de gros tuyaux, nous devons aller dans les services et ne pas laisser quelqu'un d'autre s'en occuper. " Selon le patron de Vodafone, " la publicité peut devenir une source importante de recettes " et les opérateurs doivent conquérir leur part de ce gâteau " au potentiel énorme " en s'assurant d'offrir " les services pertinents ", tels que l'accès aux réseaux sociaux. Maintenant que les équipementiers ont enfin les terminaux adaptés à l'Internet mobile et que les usages décollent, la bataille de la 3G peut vraiment commencer et elle se gagnera par les services.

latribune.fr

26 Sept 2008, 4:27

Partager :