Le patron de Thomson prend du recul à un moment délicat

Sans attendre que la nouvelle stratégie de Thomson porte ses fruits, Frank Dangeard , son artisan, prend du champ. Une décision qui sème le trouble alors que, au terme de trois ans de restructuration qui ont transformé le vieux Thomson Multimédia en société de services numériques, le positionnement de la société n'a toujours convaincu. Frank Dangeard, nommé à la tête de l'équipementier en 2004 et qui a conduit le virage stratégique vers la vidéo, ne sera bientôt plus que simple président. Un cabinet de chasseur de têtes a été mandaté pour trouver un directeur général. Officiellement, il s'agit de revenir au système de gouvernance qui prévalait jusqu'en 2004. " J'ai fait moi-même cette proposition au conseil d'administration en octobre dernier alors que la cession des dernières activités dans l'électronique grand public marquait la fin de la transformation de Thomson ", assure Frank Dangeard. Il ne s'agirait donc ni d'un signe précurseur d'un prochain départ du groupe ni d'une volonté de " retraite ". Et l'annonce n'aurait aucun rapport avec les résultats décevants de 2007, et les perspectives encore moins rassurantes de 2008.RECUL DU RESULTAT D'EXPLOITATION DES LICENCESSi Thomson a achevé sa mutation, celle-ci est loin d'être convaincante. Hier, l'action a chuté de 15,7 % pour retomber à 6,94 euros, tout près de son plus-bas historique (6,83 euros). L'exercice 2007 s'est soldé par une perte de 23 millions d'euros et les résultats sont inférieurs aux attentes des analystes dans tous les métiers. Le chiffre d'affaires a progressé de seulement 2,1 % à taux de change constant à 5,63 milliards d'euros, et la marge d'exploitation a reculé de 2,6 points à 6,2 %. Les difficultés de l'activité diffusion professionnelle et réseaux (caméras numériques, réseaux de diffusion, etc.), qui accuse un déficit d'exploitation de 50 à 60 millions d'euros selon le courtier Kepler, n'expliquent pas tout. Les trois divisions de Thomson (services, systèmes et technologie) ont vu leur résultat d'exploitation baisser l'an dernier " alors que le groupe aurait dû tirer parti des plans de restructuration initiés à la fois fin 2006 et courant 2007 ", s'inquiètent les analystes du CM-CIC. " Le groupe ne semble pas être en mesure de gagner la bataille de la baisse des prix ", estiment-ils. En ligne de mire, l'activité DVD dont le chiffre d'affaires est en baisse de 4 % sur un an. Plus inquiétant est le recul - même léger - du résultat d'exploitation des licences, principale source de profit de Thomson. " N'est-ce pas un signal ? 30 % du chiffre d'affaires se fait sur la technologie Mpeg-2, qui va disparaître au profit du Mpeg-4 ", explique l'analyste d'une grande banque parisienne. Compte tenu du ralentissement économique, l'année 2008 s'annonce tout aussi difficile. " Le groupe table sur une croissance équivalente aux 2 % de 2007, ce qui amènerait à un résultat net compris entre 140 et 170 millions d'euros, bien en dessous des 270 millions d'euros attendus", a calculé un analyste.La stratégie globale de Thomson n'est toujours pas validée. Le groupe fournit l'ensemble des services qui ont un rapport de près ou de loin avec la vidéo, avec l'idée de convaincre de très gros clients. La palette de Thomson va du décodeur à la caméra numérique en passant par les régies télé. Mais ces métiers n'ont pas forcément un rapport les uns avec les autres. En prenant un peu de recul, Frank Dangeard devra explorer de nouvelles pistes.
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