Michel Rollier : " Michelin embauche 800 à 1.000 personnes chaque année en France pour 1.800 départs en retraite "

La fermeture de l'usine de Toul (825 salariés) fait la une de l'actualité avec la séquestration puis la libération hier de deux cadres. Reviendrez-vous sur cette décision ?Non. Elle est inéluctable. Mais nous offrons un réel accompagnement des salariés. Nous proposons deux emplois dans l'une des 16 usines du groupe en France à chaque salarié. Pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas déménager, nous offrons une aide personnalisée jusqu'à ce qu'ils retrouvent un emploi. Jusque-là, ils resteront salariés de Michelin. La période pourra durer jusqu'à douze mois. Par ailleurs, nous nous engageons à contribuer à créer 900 emplois d'ici cinq ans à Toul. Nous avons annoncé un projet avec Suez d'un site de revalorisation des matières premières en fin de vie. Soit plusieurs centaines d'emplois créés. Et nous continuons de travailler pour aller au-delà. Sur le site de Poitiers, fermé il y a deux ans, nous avons recréé l'équivalent de tous les emplois disparus.L'emploi va-t-il continuer à diminuer en France ?Nous embauchons chaque année, en France, de 800 à 1.000 personnes pour 1.800 départs en retraite. Si nous avions la même productivité qu'il y a vingt ans, nos pneus coûteraient au moins 50 % plus cher. Néanmoins, nous ne fermerons pas d'autre usine en France.Résistez-vous à la pression des constructeurs sur les achats ?En première monte [pneus pour voitures neuves], nos marges sont très, très basses. Mais la première monte ne représente qu'un quart de nos ventes. Nos marges sont bien meilleures sur les pneus de remplacement.Comptez-vous prendre part à la bataille des pneus d'entrée de gamme ?Dans les années 80 et 90, nousavions pris un énorme retard sur le marché du haut de gamme [pneus à hautes performances et pneus de 4x4], que nous avons largement comblé entre 2000 et aujourd'hui. La demande des pneus de haut de gamme ne va d'ailleurs pas baisser aux États-Unis, où ils représentent la moitié du marché, ni en Europe, où on n'est pas très loin de ce niveau, ni même en Asie. Mais nous comptons être totalement présents sur le marché des produits d'entrée de gamme moins cher. Michelin est un généraliste. Le défi est de s'adapter techniquement à cette nouvelle demande, avec une rentabilité bien évidemment différente.N'y a-t-il pas une vive concurrence asiatique sur ces segments ?Bien sûr. Les ventes de pneus chinois progressent de 25 % par an aux États-Unis. Cela dit, le client est prêt à accepter un écart de prix pour acheter un pneu Michelin compte tenu de sa qualité et de ses prestations. Mais il faut que cette différence de prix soit acceptable.La bataille pour abaisser le CO2 est-elle une bonne chose ?Un mouvement mondial est lancé. Les États-Unis ont voté une loi fédérale qui prévoit de classer les pneus par rapport à leur résistance au roulement. Certains États ont même en projet des règles plus contraignantes. Bruxelles imposera également des réductions des émissions de CO2 prenant en compte divers paramètres comme les pneumatiques. Le pneu est un enjeu important dans la réduction des rejets de CO2. Or, nous avons vingt ans d'expérience dans ce domaine et un vrai leadership. Michelin propose ainsi une nouvelle génération de pneus qui diminue de 0,2 litre la consommation et de 2 à 4 grammes les rejets de CO2 des véhicules.Des résultats en forte hausseMichelin a annoncé une croissance des ventes de 3,2 % à 16,87 milliards d'euros en 2007, après deux années moroses. Le résultat opérationnel progresse de 23 % à 1,64 milliard. Soit une marge opérationnelle de 9,8 %, en hausse de 1,6 point. L'endettement a dans le même temps diminué sensiblement et ne représente plus que 70 % des fonds propres, contre 89 % en 2006. Le bénéfice net s'est envolé de 35 % à 774 millions. La demande a été soutenue et l'impact de la hausse des matières premières est resté limité.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.