Eramet se pose en numéro quatre mondial des métaux spéciaux

Si le changement brutal de PDG l'an dernier n'a pas entraîné de modification dans la stratégie du groupe, Patrick Buffet, imposé par Areva à la tête d'Eramet au printemps 2007, tente en revanche de lustrer l'image de l'entreprise. En lieu et place d'un groupe minier, exploitant historique du nickel de Nouvelle-Calédonie et du manganèse gabonais, Patrick Buffet préfère présenter Eramet comme le " numéro quatre mondial des métaux spéciaux ", " un producteur minier et métallurgique spécialisé sur des niches très rentables ".Par ce changement de discours, Patrick Buffet tente de dessiner pour Eramet un avenir " autonome ", à l'abri des appétits des géants miniers qui n'en finissent pas de s'avaler les uns les autres. " Dans la consolidation mondiale, c'est l'intérêt de la France et de l'Europe de disposer d'un groupe minier qui garde son autonomie ", a-t-il rappelé hier en présentant les résultats. " Cet ancrage durable du groupe à la France, voire à l'Europe, indispensable notamment pour garantir les liens avec la Nouvelle-Calédonie et le Gabon, pourra très bien être assuré par Areva ", actionnaire d'Eramet à hauteur de 26 %, a-t-il ajouté." ARRIME A LA FRANCE OU A L'EUROPE "Patrick Buffet appelle de ses voeux un actionnaire de référence, qui n'aurait pas besoin " d'être majoritaire, mais juste le premier actionnaire " afin qu'" on sente qu'Eramet est arrimé à la France ou à l'Europe ". Et " Areva joue très bien ce rôle. C'est un groupe international, actif dans les mines, avec lequel on s'entend bien ", a continué Patrick Buffet, ancien membre du conseil de surveillance du groupe nucléaire. Toutefois, " si Areva ne le souhaite pas, un autre groupe public ou privé peut être ce facteur de stabilisation ". Mais " je souhaite qu'Eramet reste un groupe privé, avec un flottant plus important ", a-t-il conclu. Élargir la part de son capital coté en Bourse (30 % aujourd'hui) permettrait au groupe d'améliorer sa valorisation en entrant, selon Patrick Buffet, au CAC 40. Eramet pourrait ainsi financer par échange de titres les acquisitions différées depuis des années, notamment en raison du renchérissement des cibles potentielles. Comment obtenir cette augmentation du flottant ? " La décision appartient aux actionnaires ", a-t-il botté en touche. La réponse se dessine en creux puisque la famille Duval, première actionnaire d'Eramet avec 37 % du capital, est réputée vendeuse. En attendant, grâce à la poursuite de l'envolée des cours des matières premières l'an dernier, le groupe affiche en 2007 un quasi-doublement de son résultat opérationnel courant (+ 97 %), à 1,2 milliard d'euros, faisant passer sa marge opérationnelle de 20 % à 32 % en 2007, pour un chiffre d'affaires en hausse de 24 %. Et si le groupe table sur un atterrissage en douceur des cours du nickel à partir de 2008, il prévoit un maintien des tensions sur le manganèse jusqu'en 2012.
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