Une pénurie d'électricité menace l'Allemagne

C' est le scénario catastrophe en Allemagne auquel les grands de l'énergie refusent de croire : " Un double désengagement du nucléaire et du charbon serait un suicide politique " , prévenait récemment Wulf Bernotat, le président de l'électricien E.ON. L'inquiétude monte dans les milieux économiques et jusqu'aux régulateurs, alors qu'un à un, des projets de construction de centrales électriques sont stoppés net en raison des résistances locales.RWE a dû renoncer en novembre à construire une centrale au charbon - un investissement de 2,2 milliards d'euros - à Ernsdorf, en Sarre. Dans cette ville d'à peine 5.800 électeurs, 70 % ont voté contre le projet au nom de la protection de l'environnement. Dans le Land de Hesse, E.ON compte installer à Staudinger une centrale d'une capacité de 1.050 mégawatts (MW), en remplacement de la centrale nucléaire de Biblis, qui doit fermer. Mais Bernotat a prévenu qu'il ne construirait pas " contre la volonté de la population ". Staudinger serait alors le septième projet de centrale de plus de 100 MW à ne pas voir le jour.ENORME DEMANDEL'autre facteur qui gêne la construction de capacités est l'envolée des prix. La demande est énorme. Tous les grands du secteur sont prêts à dépenser des milliards pour des installations moins polluantes et compensant la sortie du nucléaire. Des régies communales en viennent à renoncer à des projets économiquement non viables.Le régulateur des réseaux a prévenu qu'une pénurie menaçait si les décisions n'étaient pas prises aujourd'hui pour remplacer des installations vétustes et polluantes et pour améliorer le réseau de transport. Sans parler des 17 centrales nucléaires - 27 % de la production électrique allemande aujourd'hui - qui doivent fermer avant 2021. À cette date, près de la moitié des capacités conventionnelles de production d'énergie ne serait plus disponible.Même si l'Allemagne réussit le pari de passer de 12 % à 30 % la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité d'ici à 2020, 70 % des besoins resteront à couvrir. Recourir au gaz signifierait se rendre plus dépendant de livraisons deRussie. Aujourd'hui exportateur net d'électricité, l'Allemagne seraitobligée d'importer massivementde l'électricité produite à partirdu charbon et du nucléaire, et à des prix élevés.
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