La tentation de la politique industrielle

En annonçant directement la prise de participation dans STMicroelectronics, l'Élysée a confirmé hier ce qui se dessinait au gré des visites du président chez Alstom, Michelin ou ArcelorMittal. Le gouvernement a l'intention de renouer avec une politique industrielle active, quitte à pratiquer un interventionnisme d'État. Paradoxalement, les premiers signes de cette nouvelle orientation n'ont pas été donnés dans les industries de souveraineté, comme la défense, l'aéronautique ou l'énergie, où le rôle de l'État n'est pas contestable. La complexité des situations actionnariales et économiques, sans parler des inimitiés farouches entre les différents acteurs de ces secteurs, semble avoir brouillé les idées, jusqu'au sommet de l'Élysée.REHABILITATIONDécidé à marquer fortement la fin du laisser-faire, l'Élysée n'a donc pas hésité longtemps à s'emparer du dossier de STMicroelectronics. Trois ans après avoir laissé son entreprise publique France Télécom s'en désengager, l'État se réengage par le biais du Commissariat à l'énergie atomique. Avec un argument de poids : les semi-conducteurs sont une industrie stratégique, reposant sur d'énormes efforts de recherche et d'innovation, avec des effets diffusants dans de nombreux secteurs. La volonté de peser sur les choix industriels ne devrait pas s'arrêter là. À l'Élysée, on aimerait réinvestir de nombreux secteurs, ceux porteurs d'innovation, mais aussi permettant des politiques de filière.Ainsi est à l'étude un projet d'installer en France une forge de spécialités, capable de produire des très grandes pièces pour le nucléaire, aujourd'hui fabriquées uniquement dans le monde par Japan Steel Works. S'il se révélait réalisable, le dossier serait confié à Areva. De même, les moyens de conserver en France les savoir-faire pour les tôles fortes pour l'aéronautique ou développer les matériaux composites sont regardés. Ajouté aux crédits impôt recherche, aux mesures en faveur de l'innovation, de la formation, cela donnerait l'ossature d'une politique industrielle.Lors du prochain remaniement pourrait même réapparaître un ministère de l'Industrie autonome. Cette réhabilitation de l'industrie, cependant, ne lève pas tous les problèmes. D'abord, l'Élysée a-t-il compris que le succès du sauvetage d'Alstom ne peut pas être réitéré à coup sûr ? Ensuite, le temps de l'industrie est long, et ne s'inscrit pas dans celui des annonces politiques.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.