Les papetiers nordiques dans la tourmente

Annus horribilis. " L'année 2007, et en particulier le dernier trimestre, a été l'une des plus difficiles de l'histoire récente de Stora Enso ", a déclaré hier Jouko Karvinen, directeur général du groupe papetier finno-suédois. Celui-ci a vu son résultat net divisé par dix l'an dernier, à 71,5 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires stable, à près de 13 milliards d'euros. Ses grands concurrents scandinaves ont connu le même sort. Le bénéfice net du finlandais UPM-Kymmene a été divisé par quatre en 2007, tandis que le norvégien Norske Skog, spécialiste du papier journal, a connu sa troisième année consécutive de pertes. Quant au finlandais M-Real, il reste désespérément dans le rouge malgré des ventes d'usines qui s'égrènent régulièrement.CONCURRENCE ACCRUE DES INDUSTRIELS NORD-AMERICAINSLe pire est que l'industrie papetière européenne ne voit pas l'issue de cette tourmente depuis le début des années 2000. Ces derniers mois, l'inquiétude est venue de Moscou. La Russie a mis en place une surtaxe sur ses exportations de bois, qui représentent 20 % des ressources des industriels finlandais. Cette taxe, qui a déjà augmenté de 20 % cet été, doit être multipliée par quatre au 1er janvier 2009. Le surenchérissement du bois, qui représente environ un cinquième en moyenne du prix de revient, s'ajoute à l'explosion du prix de l'électricité depuis 2004 et à la vigueur de l'euro. C'est l'estocade pour les papetiers engagésdepuis des années dans une lutte contre les surcapacités. La consommation de papier sur le Vieux Continent reste atone, et même en baisse sur certains segments comme le papier journal ou magazine. Déjà handicapées par la faiblesse du dollar, leurs exportations, qui représentent en moyenne un quart de leur production, ont subi en 2007 la concurrence accrue des industriels nord-américains, d'autant plus agressifs que leurs marchés domestiques plongeaient.Fin 2007, les industriels scandinaves ont encore annoncé de nouvelles fermetures d'usines, définitives ou provisoires : - 10 % en 2008 pour Norske Skog, tandis que Stora Enso va encore fermer quatre usines et en vendre deux, soit une diminution de 7,5 % de sa production. Au total, entre 5 et 6.000 emplois auront été supprimés par Stora Enso ces trois dernières années. " Ces mesures déclenchent un débat très vif en Finlande " , reconnaît Hannu Ryöppönen, directeur adjoint du groupe.D'autant qu'elles risquent de ne pas suffire. Après des années de restructurations, les industriels ne cachent pas leur désarroi. " Si la consolidation ne s'accélère pas, nous aurons un gros problème " , avouait récemment le patron de Stora Enso. Le mouvement amorcé par les papetiers vers les pays à forte croissance et à bas coûts, comme la Russie, le Brésil et la Chine, ne compense pas leurs déboires européens. Norske Skog, dont la mise en cessation de paiement fait l'objet de rumeurs récurrentes, fait figure de cible idéale pour ses deux grands concurrents.
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