E.ON annonce la cession de son réseau de transport

Les réseaux de transport d'électricité doivent être régulés, quel qu'en soit le propriétaire. " Dès le début de 2007, Wulf Bernotat, président d'E.ON, semblait avoir tiré la conclusion de ce qui se préparait sur le marché européen de l'énergie. Hier, l'électricien allemand est allé au bout de la démarche, en annonçant son intention de céder son réseau de transport d'électricité à " un repreneur non impliqué dans la production ou la distribution d'énergie " . Le groupe de Düsseldorf espère ainsi mettre un terme à une série de contentieux avec la Commission européenne. Celle-ci a favorablement accueilli hier l'annonce d'E.ON. Le groupe veut également céder 4.800 mégawatts de capacités de production, ce qui représente 9 % de sa capacité mondiale.Pourquoi le premier groupe d'énergie allemand a-t-il décidé d'abandonner le contrôle d'un réseau à haute tension long de 10.000 kilomètres ? Selon l'analyste Matthias Heck, de la banque Sal Oppenheim, E.ON en vient à cette décision car " les conditions qui vont être fixées par le régulateur européen pour conserver la propriété d'un réseau sont si restrictives, qu'E.ON ne peut pas couvrir le coût en capital estimé à 8 % ". L'analyste chiffre à 200 millions d'euros l'excédent brut d'exploitation dégagé par la division transport, soit une part mineure dans un Ebitda global supérieur à 11 milliards d'euros en 2006, réalisé essentiellement grâce à la production et au négoce d'énergie. Cet écart de rentabilité " devrait s'amplifier avec le danger qui guette en Allemagne de raréfaction des capacités de production ", explique Reiner Haier, chez LBBW.BERLIN EN PORTE-A-FAUXE.ON aurait dû en outre consentir des lourds investissements pour raccorder le réseau aux nouvelles productions d'énergies renouvelables installées dans le nord du pays. Ces dépenses, selon toute probabilité, n'auraient pas dégagé la rentabilité attendue. L'activité transport d'E.ON pourrait être valorisée autour de 2 milliards d'euros, calcule Sal Oppenheim. Un apport financier bienvenu alors que le groupe a inscrit un programme d'investissement de 60 milliards d'euros jusqu'à 2010. La cession interviendrait même un peu tard, selon Reiner Haier : " La crise sur les marchés financiers a renchéri les conditions de financement pour de grosses acquisitions. "Ébranlés, ses concurrents RWE et EnBw disent étudier à leur tour la cession de leur réseau de transport. Ces mouvements risquent de placer le gouvernement allemand en porte-à-faux. Depuis l'été, Berlin et Paris, soutenus par six autres pays, se font les défenseurs d'une troisième voie face au projet de directive énergie présenté par Bruxelles, afin d'éviter à leurs électriciens d'avoir à se séparer de leur réseau de transport.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.