Rebecca Lindland : " Detroit doit tenir bon jusqu'à 2010"

L'industrie automobile basée aux États-Unis a-t-elle un avenir ?Oui, bien que le contexte actuel soit déprimant. Les constructeurs américains doivent tenir bon jusqu'en 2010, année où les accords sur leur Veba (voluntary employee beneficiary association), fonds dédiés aux prestations d'assurance-maladie de leurs retraités que gérera le syndicat UAW, prendront effet. Cela permettra à GM, Ford et Chrysler de sortir des dizaines de milliards de dollars d'engagements de leur bilan. Compte tenu du prix de l'essence, les véhicules qui leur rapportaient le plus d'argent, les SUV (sortes de gros 4×4 break), n'ont plus la cote. Or les constructeurs américains ont besoin de liquidités. Il leur faut donc adapter leur production à l'évolution du marché pour tenir jusqu'en 2010. Toyota a aussi des problèmes aux États-Unis: ses ventes ont chuté de 21% en juin. Et le groupe ne peut satisfaire la demande pour la Prius car elle est fabriquée au Japon. Honda tire son épingle du jeu car il construit des véhicules moins voraces en Amérique du Nord.Les constructeurs américains manquent-ils de flexibilité ?Le marché américain a connu un bouleversement soudain. Les constructeurs avaient perçu un changement dans la demande et s'étaient mis à construire plus de crossovers (hybride entre tout-terrain et berline) et moins de SUV. Mais il s'agissait toujours de gros véhicules. Et, en quelques mois, alors que depuis des années personne n'achetait de voiture compacte aux États-Unis, tout le monde s'est mis à en vouloir une ! Les Big Three n'étaient pas préparés à un marché où le gallon d'essence (3,7 litres) passerait à 4 dollars. Il sera plus facile à Ford et GM d'ajuster leur outil industriel. La part des gros véhicules (4×4, pick-up, vans et crossovers) représente 59 % de leur production contre 73 % pour Chrysler.Le gouvernement fédéral doit-ilaider Detroit comme il a secouru Chrysler en 1979 ?Non. Une intervention financière de l'État ne réglerait pas les problèmes structurels des constructeurs. En revanche, il serait judicieux d'éliminer les réglementations susceptibles de freiner leur redressement. L'assouplissement des normes Cafe, qui prévoient une réduction de 40 % de la consommation d'essence des véhicules en 2020, serait le bienvenu.
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