"Le site du “Nouvel Obs” fait jeu égal avec celui du “Monde”"

Quel regard portez-vous sur la crise que traverse la presse quotidienne française ?- C'est toute la presse d'information, quotidienne ou hebdomadaire, qui est touchée par la crise. Les quotidiens gratuits et surtout l'explosion d'Internet ont transformé le rapport entre le lecteur et les médias. Ainsi, il y a trois fois plus d'information sur le site du Nouvel Obs que dans le journal. De même, la presse vivait depuis cent cinquante ans de la publicité qui se raréfie et surtout ne reviendra pas. Elle doit trouver un nouveau modèle économique car elle ne souffre pas d'une baisse de sa diffusion mais d'une baisse de ses recettes.Comment se positionne le "Nouvel Observateur" sur Internet ?- Depuis un an, nous faisons jeu égal avec le Monde. En termes de visiteur unique, le nouvelobs.com créé il y a quatre ans est le premier site de presse écrite. En termes de pages vues, il est juste derrière le Monde. Sans investissement, le site serait rentable en 2006, après des pertes de 500.000 euros en 2005. Au niveau publicitaire, il est très loin derrière le Monde avec 1,4 million d'euros de recettes en 2005 (3 millions d'euros pour le Monde) mais l'approche des annonceurs change. À la fin février, certaines rubriques seront payantes et réservées aux abonnés.Et "le Nouvel Observateur" ?- Comme nous le souhaitions, depuis septembre, l'hebdomadaire, qui est le premier news de France, a changé le plus possible sans que le lecteur s'en aperçoive. De nouvelles rubriques ont été créées, il y a davantage de brèves, les articles ont été raccourcis, etc. Le journal est plus réactif. Depuis quatre ans, les ventes oscillent autour de 511.000 exemplaires et ce alors que notre budget annuel pour la promotion des abonnés a baissé. Notre lecteur (2,4 millions par semaine) est de plus en plus fidèle. C'est une gestion sage et prudente car le nombre de pages de publicité a baissé de 37 % entre 2000 et 2005.Comment va "Challenges" qui est passé hebdomadaire en septembre ?- Nous sommes au-delà de nos objectifs avec des ventes à 260.000 exemplaires contre 240.000 escomptés lors du lancement de la nouvelle formule. Nous n'avons pas cédé au marketing et la couverture sobre est plébiscitée par les lecteurs. La diffusion va continuer à croître et le compte d'exploitation sera positif cette année.Quelle est la situation économique de votre groupe ?- En 2005, le groupe devrait accuser une perte de 3,5 millions d'euros. Pour sa part, le Nouvel Observateur devrait dégager un résultat d'exploitation de 500.000 à 600.000 euros. Même si la publicité va continuer à s'évaporer, en particulier pour la presse d'information générale et politique, nous aurons de nouvelles recettes de diversification et le groupe devrait être à l'équilibre en 2006.Où en est votre succession ?- Tout est réglé. Les 93 % que je détiens dans le groupe iront à ma femme et à mes six enfants et les droits de succession sont réglés. Tous sont liés par un pacte d'actionnaires qui empêche toute cession en dehors de la famille... Le Monde détient 6 %, et la Société des rédacteurs le 1 % restant.Propos recueillis par Sandrine Bajo
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