La faiblesse du dollar pousse les industriels à délocaliser

Pour l'aéronautique française, "la ligne rouge est franchie". Les taux de change actuels, avec un euro autour de 1,30 dollar, pénalisent très fortement l'industrie aéronautique et spatiale, a lancé hier Philippe Camus, président du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) lors de la publication du bilan 2004 de la profession.La faiblesse persistante du dollar n'est pas "supportable" pour l'industrie européenne, qui devient "beaucoup moins compétitive que l'industrie dont les coûts sont en dollars", a ajouté Philippe Camus, en fin de mandat à la tête du Gifas, et qui pourrait être remplacé en mai par Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation.Interrogé sur d'éventuels mouvements de délocalisation, il a estimé que "cela peut être lent mais très important, si on continue à ce niveau de parité" entre euro et dollar.Désindustrialisation. Pour Charles Edelstenne, cette tendance à délocaliser vers des pays à moindre coûts est déjà visible, particulièrement chez les équipementiers. "Nous sommes en train de vivre ce qui se passe dans l'automobile. Les grands constructeurs restent en France, mais les équipementiers sont partis à l'étranger", a-t-il souligné. Et de conclure que les donneurs d'ordres dans l'aéronautique poussent aussi "les sous-traitants à entrer dans un corset de plus en plus étroit qui les oblige petit à petit à délocaliser. Ceci devant un corps social français qui n'est pas prêt à accepter la réalité, et demande toujours les 35 heures. Nous sommes condamnés à certaine désindustrialisation de l'Europe de l'Ouest".Philippe Camus a aussi appelé de ses voeux un accord "équilibré" entre les Etats-Unis et l'Europe sur les aides publiques aux avionneurs Airbus et Boeing au moment où la Commission européenne s'est dite prête à reprendre les négociations avec les Américains quand ils y seront eux-mêmes disposés. L'aéronautique française, qui a affiché en 2004 un chiffre d'affaires en hausse de 3,2 % à 26 milliards d'euros (mais des commandes en chute de 14,2 % à périmètre constant à 35,8 milliards), souhaite en tout cas qu'"il y ait un accord".M. C.Airbus vigilant face à BoeingAirbus "fait face à un fort rétablissement et à une agressivité de la part de son concurrent américain qui pousse très loin les concepts technologiques avec le Boeing 787", a déclaré hier le président d'Airbus Noël Forgeard à Dresde (Allemagne), où seront effectués à partir de septembre les essais de fatigue du futur A380. Cette mise en garde intervient alors que Boeing avait fait état la veille de sa certitude de repasser en tête sur le marché mondial en termes de commandes dès cette année. L'avionneur européen l'avait emporté sur ce terrain depuis 2001. J.-Ph. L., à Dresde
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