Manger pour vivre, ou vivre pour manger ?

Quand un sociologue et une psychologue veulent comparer le " comment manger " des Américains à celui des Européens (Français, Suisses, Allemands, Italiens, Britanniques), ils mettent autour d'une même table 7.000 mangeurs pour leur faire déguster leurs items.À la carte, ce résultat plus que gastronomique, voire hygiénique, est d'abord culturel. En effet, ce qui distingue le Français de son homologue d'outre-Atlantique, c'est que le premier s'attable à heure fixe, quand le second ne connaît point d'heure pour consommer, et ce souvent debout. Quand un Hexagonal a tout juste le temps d'avaler un sandwich au comptoir, affirmant " remplir un petit creux ", un New-Yorkais engloutit un hamburger en marchand dans la rue et estime avoir pris son déjeuner.Cette opposition face aux nourritures terrestres est bâtie sur une conception différente de la vie, conception que l'on trouve un peu chez les Allemands, beaucoup chez les Suisses (romands), énormément chez les Italiens, pas du tout chez les Britanniques.Ces derniers, tout comme les Américains, se considèrent comme des mangeurs " rationnels ", alors que les Européens continentaux s'intitulent " gourmets ". Autre différenciation : quand les Anglo-Saxons ont comme souci premier une nourriture saine et hygiénique, les autres, surtout latins, sont davantage attirés par la saveur et la qualité du produit.SOCLE CULTURELCet écart s'explique, selon les enquêteurs, par un socle culturel. Les Anglo-Saxons croient en la responsabilité individuelle, puisqu'ils se veulent maîtres de leur temps et de leurs choix, alors que les Européens encadrent leurs habitudes de manière collective, le manger étant conçu comme un lien social. Bref, ici on mange par devoir, là par plaisir. Cette étude explique pourquoi un tiers des Américains sont obèses, quand il n'y a " que " 10 % des Français à être trop gros. Après le comportement social à table, reste maintenant à enquêter sur le contenu de l'assiette : l'écart, jusque-là important, devrait alors se resserrer, mondialisation - et banalisation - de l'alimentation oblige. Bon appétit ?" Manger " (Français, Européens et Américains face à l'alimentation), par Claude Fischler et Estelle Masson. Éditions Odile Jacob, 328 pages, 25 euros.
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