Réformes ? Hep, taxi !

Beaucoup a déjà été dit et écrit sur les travaux de la commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali à la demande du président Sarkozy. On sait donc que l'ancien conseiller du François Mitterrand des nationalisations (1981) puis du " tournant de la rigueur " (1983), puis du choix européen (1992), a réussi le tour de force de s'aliéner tout ce que la République compte de professions réglementées et d'élus locaux en mal de clientélismes ! Taxis, notaires, pharmaciens et autres commerçants de centre-ville n'ont pas tardé à sonner l'alarme au Parlement pour prendre à témoin, à la veille des élections municipales, un monde politique dont chacun mesure depuis trente ans la forte propension à prendre des mesures courageuses et impopulaires.Réduire le rapport Attali, disponible gratuitement sur Internet, mais aussi publié par la Documentation française aux Éditions XO (le même éditeur que Nicolas Sarkozy), à sa capacité à mettre les taxis en grève (ils ont d'ailleurs obtenu l'enterrement des propositions Attali) ou à choquer la " République des imbéciles " serait toutefois une grave erreur.EXERCICE CRUELD'abord parce que, au-delà des présentations caricaturales (Attali = Attila), rarement un rapport aura suscité autant de controverses depuis le rapport Armand-Rueff, son lointain inspirateur. C'est donc la preuve qu'il touche à peu près à tout ce qu'il faudrait bouger, en France pour que notre pays connaisse une croissance plus forte et plus dynamique. Les 42 membres de la commission ont accouché de 316 décisions au total, " qui constituent autant de réformes majeures. [...] Toutes sont critiques pour le succès de l'ensemble ", prévient Jacques Attali, qui organise lui-même le suivi sur le site Internet de la commission.Exercice cruel en vérité car, de la volonté de " tout ou rien " du rapport Attali, il ne reste déjà plus grand-chose, mis à part ce que le gouvernement était déjà prêt à mettre en oeuvre dans sa " loi de modernisation de l'économie ", qui sera votée à la fin du printemps - à savoir la réforme des règles qui régissent la concurrence dans la grande distribution.Reste une interrogation, pour l'histoire. Pourquoi Jacques Attali a-t-il arrêté son bras à 316 mesures précisément, et pas 300 (comme le titre, pour simplifier, son livre) ou 325 ? Selon certains exégètes de la pensée " attaliste ", la réponse serait à rechercher dans la Bible, en clin d'oeil aux 613 commandements (mitzvot) qui, selon la tradition juive, furent donnés par Dieu à Moïse et fondent la Torah : 365 " tu ne feras pas ", représentant le nombre de jours dans l'année solaire, et 248 " tu feras ", correspondant aux membres du corps... Alors, 613, l'inverse de 316 ? À l'auteur de lever le mystère." 300 décisions pour changer la France ", Commission pour la libération de la croissance française. XO Éditions, 334 pages, 18,9 euros.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.