De la route de la soie aux autoroutes du pétrole

Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan, voici cinq pays de l'Asie centrale qui ont recouvré leur indépendance en 1991, lors de l'éclatement de l'Union soviétique. Ce sont les colons communistes qui ont artificiellement façonné cette immense région faite de zones interdépendantes (qui connaît le Ferghana, le Tourgaï, le Semipalatinsk, l'Amou Daria ou la Transcapie ?). D'autres despotes continuent à mettre les populations, toujours aussi pauvres, sous leur joug. Et, seul dénominateur commun, l'islam local a tendance à s'y radicaliser. Jeunes États mais vieilles civilisations, cet amalgame est aujourd'hui soumis aux pressions politiques et économiques de tout bord. Logique : ces pays se sont découvert des sources de richesse très convoitées - uranium, gaz et pétrole pour trois d'entre eux, les deux autres, Kirghizistan et Tadjikistan détenant un autre trésor au moins aussi précieux, l'eau, et donc l'irrigation d'une terre essentiellement désertique.Mais plus encore que l'économie, c'est la géopolitique qui marque l'avenir de cette région : si les Ouzbeks se méfient de l'Iran mais soutiennent le régime afghan à leur frontière, si au contraire le Tadjikistan a des liens naturels avec son voisin pakistanais et des intérêts importants avec l'Iran, si le riche Kazakhstan (3.637 dollars de PIB par habitant) soutient le pauvre Kirghizistan (459 dollars), le puzzle reste fragile. D'autant que la région voit passer d'innombrables trafics de drogue et quelques réseaux d'islamistes.NOUVELLE DONNEL'intérêt de ce livre fort bien documenté et rédigé habilement par trois universitaires est de mieux faire connaître une région qui pourrait être le pivot d'une nouvelle donne mondiale dans les années à venir, coincée entre une Russie politiquement revancharde, une Chine commercialement agressive, quelques pays islamistes intransigeants et un Occident qui cherche à imposer un partenariat des plus intéressés."Histoire de l'Asie centrale contemporaine" , par Pierre Chuvin, René Létolle et Sébastien Peyrouse. Fayard, 376 pages dont 50 de notes, 26 euros.
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