La peur de l'avion fragilise la croissance des ventes de voyages

La croissance de près de 7 % des ventes de voyages à l'étranger pour l'année 2004/2005 (qui se termine à fin octobre) pourrait s'essouffler si les craintes liées au transport aérien s'installent. L'ensemble des voyagistes présents au salon professionnel Top Resa à Deauville constatent une chute des prises de réservations à partir de la seconde moitié de l'année, au 15 août, lorsque l'actualité a fait la part belle à la série sans précédent d'accidents aériens. "Les clients ne sont plus au rendez-vous", constate Marie-Christine Chaubet, présidente du directoire de Fram. Et, loin de s'atténuer, "la phobie de l'avion semble s'installer chez les clients", constate René-Marc Chikli, président de l'organisation professionnelle des tour-opérateurs (CETO). Le prestige de la marque ne semble même plus jouer. Les demandes d'informations affluent lors de l'achat d'un forfait, constate Jean-Pierre Mas, président des agences AFAT. Le Syndicat national des agences de voyages (Snav) prépare un dossier technique destiné à permettre aux vendeurs de répondre à leurs clients. Mais aucune campagne de communication n'est prévue.Créer une liste européenne. Même si l'avion reste un mode de transport plus sûr que la voiture, il est moins banalisé et "le spectaculaire l'emporte sur le rationnel". Et les acteurs du tourisme ne veulent pas se substituer aux autorités aériennes, seules chargées de contrôler les avions. George Colson, président du Snav, demande la création d'une liste européenne des compagnies ayant le droit de voler. La défiance touche les vols charters (les ventes de vols secs sur les compagnies régulières restent en forte hausse), même si l'actualité récente a concerné toutes les compagnies. Ainsi, la Dépêche du Midi a sondé 1.900 lecteurs pour savoir s'ils accepteraient de partir en charter et une écrasante majorité (1.750 personnes) a répondu "non".Si les spécialistes des voyages long-courriers comme Asia ou Kuoni utilisent largement des vols réguliers, ceux qui desservent le bassin méditerranéen font appel à des vols charters afin d'obtenir des prix de revient moins élevés. Ils ne peuvent pas se reporter sur les vols réguliers car les compagnies n'offrent pas une capacité suffisante et beaucoup, telle Air France, ne sont pas intéressées à travailler avec les voyagistes. Pacha Tours propose néanmoins aux clients de payer un supplément de l'ordre de 50 euros pour être sur un vol régulier mais très peu prennent cette option.Faute de message clair envoyé par la profession à destination du grand public, "la diabolisation de l'avion va coûter très cher en termes de perte d'activité", redoute Mumtaz Teker, président de Pacha Tours. Il en veut pour preuve le tassement actuel de ses ventes, alors qu'elles étaient en croissance de 80 % au printemps. De son côté, Hervé Vighier, président de Mamara, demande la création d'une liste noire européenne. Son groupe affrète la compagnie Onur, montrée du doigt à plusieurs reprises mais sans jamais être rayée de la liste des compagnies autorisées à voler. Il affirme que cette compagnie est "sérieuse" et demande que toute la lumière soit faite.Héléna Dupuy, à DeauvilleUne agence sur dix disparaîtrait dans les quatre ansLa montée en puissance des ventes de voyages sur Internet, qui représentent désormais 10 % des transactions dans le tourisme, et la fin des commissions aériennes pourraient entraîner la disparition de 11 % d'entre elles, selon une étude réalisée par Antoine Cachin, président d'Itac, cabinet d'analyse, et KPMG. Les agences doivent développer de nouvelles activités et surtout inciter les clients à avoir recours à leur service. En effet, si 75 % des Français partent en vacances et si 77 % des vacanciers choisissent l'Hexagone pour destination et seulement 20 % réservent en agence de voyages lorsqu'ils partent à l'étranger. Et ce taux chute à 4 % pour un séjour dans l'Hexagone.
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