ThyssenKrupp se protège contre les rachats hostiles

Officiellement, ThyssenKrupp ne se considère pas comme une cible d'acquisition. En renforçant sa participation, la fondation familiale ne ferait que témoigner de son soutien à la stratégie menée par son président, Ekkehard Schulz. Mais dans les faits, alors que le groupe cherche à sortir d'Europe et à s'implanter aux États-Unis mais semble avoir du mal à réaliser son rêve (il vient d'engager une procédure judiciaire contre Mittal pour que celui-ci respecte l'engagement de cession de sa filiale canadienne Dofasco), cette minorité de blocage a un autre objectif. Elle laisse supposer que l'allemand craint d'être le prochain sidérurgiste à faire l'objet d'une OPA hostile.Une inquiétude loin d'être infondée : le secteur est aujourd'hui en pleine ébullition. Après le rachat d'Arcelor par Mittal, le brésilien CSN et l'indien Tata Steel se livrent une bataille acharnée pour mettre la main sur l'anglo-néerlandais Corus, neuvième sidérurgiste mondial. Quant à Mittal, à peine a-t-il fusionné avec Arcelor que déjà, il renoue avec sa stratégie d'acquisition à tous crins, rachetant le mexicain Sicartsa et lançant en Inde un mégaprojet de 9 milliards de dollars.EVITER D'ETRE MANGELa logique de grossir à tout prix ? Éviter d'être mangé par un autre sidérurgiste, voire accroître sa taille critique pour peser face aux groupes de minerai de fer qui, alors que les matières premières se traitent à des prix élevés, réussissent à imposer leur loi. Avec une capitalisation boursière de 18,4 milliards d'euros contre 7,3 milliards pour Corus, Thyssenkrupp apparaît sans doute difficile à digérer. Mais la sidérurgie ne représente qu'un tiers de son chiffre d'affaires, le groupe officiant également dans d'autres activités comme les ascenseurs ou les services, qui pourraient être cédées ultérieurement. De fait, l'allemand ne produit que 16,1 millions de tonnes d'acier ; ce qui le positionne au douzième rang mondial.En outre, depuis peu, la menace augmente. Surtout, de la part des sidérurgistes des pays émergents comme la Russie, l'Inde ou le Brésil. Dopés par des consommations domestiques en forte croissance, ces derniers ont vu leur capacité financière s'améliorer. S'ils peuvent produire à bas coûts, il leur manque certaines technologies ou savoir-faire qui sont accessibles en Europe.
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