La troisième plus grosse OPA de l'histoire

Si elle aboutit, l'OPA officiellement lancée hier par BHP Billiton sur son concurrent Rio Tinto entrera dans les manuels d'histoire économique comme la troisième plus importante opération de fusion-acquisition. Rien de moins que cela ! À 147,4 milliards de dollars (100,3 milliards d'euros), elle est toutefois assez loin des 181,5 milliards déboursés par AOL au début de la décennie pour racheter Time Warner, et encore plus éloignée des 202,8 milliards de dollars mis sur la table par Vodafone , en 2000, pour acquérir l'Allemand Mannesmann. La période et les montants de ces deux précédentes opérations sont d'ailleurs riches d'enseignements. Ils témoignent, en effet, de la détermination des acteurs de l'époque - et donc des moyens financiers qu'ils étaient prêts à engager - pour profiter à plein de l'euphorie que connaissait alors le large spectre du secteur des médias et des télécommunications.La bulle Internet hier, celle des matières premières aujourd'hui... C'est désormais le secteur minier qui est au centre de toutes les spéculations. Et, comme à chaque fois, les valorisations flambent. L'offre de BHP d'échanger 3,4 de ses actions contre un titre Rio Tinto valorise donc ce dernier 147,4 milliards de dollars. À ce prix, cela représente " 17,4 fois les résultats escomptés de Rio pour 2008 et 14,1 fois ceux de 2009, ce qui représente une prime assez significative ", commente Arnaud Cayla, gérant actions chez Barclays. La prime est effectivement importante si l'on sait que le secteur se paye entre 10 et 11 fois ses résultats attendus pour 2008. Une moyenne de comparaison qui n'est cependant pas significative, car le secteur compte beaucoup de moyennes et petites capitalisations. Un parallèle avec Xstrata, qui se paye aujourd'hui 12,2 fois ses résultats 2008, semble plus approprié, puisque sa valorisation inclut désormais une prime spéculative après les intentions déclarées du brésilien Vale.POSITION DE QUASI-MONOPOLEQuoi qu'il en soit, à 17,4 fois ses bénéfices 2008, l'acquisition est chère payée. Mais elle le vaut bien, selon certains. " Le nouvel ensemble formé par BHP et Rio Tinto représenterait 40 à 50 % de la production mondiale du minerai de fer " , souligne Arnaud Cayla. Une position d'autant plus intéressante pour le futur géant minier que le niveau de marge brute opérationnel sur ce segment se situe autour de 50 %. Et cela pourrait encore progresser si le mastodonte, en position de quasi-monopole, décidait d'augmenter ses tarifs. Une perspective qui fait froid dans le dos des industriels chinois, sachant qu'en 2007 un peu plus de 40 % de la demande mondiale de minerai de fer provenait de l'empire du Milieu.
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