Un secteur verrouillé par la Banque d'Italie

Pour les banques, a fortiori étrangères, opérant dans la péninsule, tous les chemins mènent à la via Nazionale à Rome, où siège le gouverneur de la Banque d'Italie. Malgré la refonte de la législation déclenchée par les scandales Parmalat et Cirio et la mise en cause d'un contrôle trop "laxiste" du secteur bancaire, la banque centrale italienne a en effet arraché la semaine dernière à la Chambre des députés le maintien de ses prérogatives de surveillance et le maintien du mandat à vie de son gouverneur, Antonio Fazio. Contre toute attente le président du Conseil, Silvio Berlusconi, n'a pas ménagé son soutien à Antonio Fazio, pourtant très critique sur la politique économique du Cavaliere.Mais face aux incertitudes pesant sur les banques BNL et Antonveneta, supposées être les cibles de leurs actionnaires étrangers BBVA et ABN-Amro, les chefs du gouvernement et de la banque centrale s'étaient retrouvés il y a déjà deux mois en pleine harmonie "sur la nécessité de défendre l'italianité des banques". "Le gouverneur a raison : il faut favoriser l'entrée de capitaux italiens dans le système bancaire et pousser à des concentrations internes, en consentant à des étrangers des participations mais jamais au point de conquérir des positions décisives", lançait Silvio Berlusconi.Une anomalie. Dans la pratique cette restriction se traduit par un plafond de 15 % à 20 % maximum de détention du capital d'une banque italienne par un établissement étranger. Mais le gouverneur de la Banque d'Italie n'empêche pas seulement des banques comme ABN-Amro ou BBVA de grossir en Italie : il contrarie régulièrement les projets des patrons des banques italiennes. On se souvient ainsi dans les états- majors des grandes banques transalpines du double "non" qu'Antonio Fazio avait opposé en mars 1999 à l'offre lancée par UniCredit sur la Comit et celle du Sanpaolo-IMI turinois sur Banca di Roma rebaptisée Capitalia. Depuis, un rapprochement entre grands établissements, synonyme de suppression d'agences et d'emplois, reste tabou. Les banques se contentent de regarder vers l'Europe de l'Est et jouent les petites soeurs dans le paysage bancaire européen.Pour les banques étrangères, l'atmosphère est pesante dans la péninsule, à l'exemple du singulier débat sur "le patriotisme économique", lancé par le Corriere della Sera s'interrogeant sur le bien-fondé pour l'Italie d'une fermeture du marché aux entreprises étrangères. Qui plus est le rôle grandissant des banques italiennes dans le sauvetage de fleurons du capitalisme italien comme Fiat, Impregilo voire Versace fait craindre qu'en cédant le contrôle de banques, ces entreprises passent aussi sous la coupe de financiers étrangers. Dans ce contexte, l'anomalie protectionniste de la Banque d'Italie a de beaux jours devant elle, même si perdure un sérieux conflit d'intérêts : ses propriétaires sont à plus de 80 % des banques privées qu'elle doit pourtant surveiller.F. P. W., à Mil
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