Serge Tchuruk tarde à passer la main chez Alcatel

Par latribune.fr  |   |  455  mots
Si la problématique de la succession se pose dans de nombreuses grandes entreprises françaises, Alcatel en est sans doute l'un des exemples les plus emblématiques. L'équipementier en télécommunications est dirigé depuis 1995 par Serge Tchuruk d'une main de fer. L'actuel PDG, qui a recentré le groupe sur les télécoms, fait partie de ces grands capitaines d'industrie qui ont du mal à passer la main.Agé de 67 ans, il a obtenu l'aval de son conseil d'administration pour proposer une résolution à l'assemblée générale du 20 mai prochain prolongeant de deux ans le mandat du président si les fonctions de président et de directeur général sont dissociées. En clair, l'homme pourra continuer à présider Alcatel jusqu'au printemps 2008. Il aura alors 70 ans. Ce qui ne manque pas de faire grincer quelques dents en interne.Prolongation. Cette précaution doit permettre de passer le flambeau en deux temps, argue-t-on au siège du groupe, puisque, désormais, c'est Mike Quigley, un Australien de 52 ans nommé directeur général adjoint il y a deux semaines, qui est pressenti pour succéder à Serge Tchuruk. Mais celui-ci a tout de même usé plusieurs numéros deux ces dernières années, dont l'Américain d'origine indienne Krish Prabuh, et plus récemment Philippe Germond, démissionnaire le mois dernier.Visiblement, Serge Tchuruk a beaucoup de mal à se trouver un successeur. "C'est un homme autoritaire qui veut tout contrôler et ne laisse que peu d'autonomie à ses seconds", lâche un cadre du groupe. "C'est une forte personnalité qui ne supporte pas d'avoir un vrai second qui empiète sur une partie de son pouvoir", estime un autre.Mais après avoir présidé aux destinées d'Alcatel pendant dix ans, alors que l'équipementier est à un moment charnière, on comprend aussi que Serge Tchuruk n'ait pas envie de couper les ponts totalement. En effet, le recentrage sur les télécoms qu'il a opéré s'est révélé risqué, d'autant qu'Alcatel subit de plein fouet la concurrence des fabricants chinois. L'actuel PDG veut donc "imprimer sa marque sur une réorientation stratégique d'Alcatel", selon un de ses proches, et ne veut pas quitter l'équipementier en le laissant entre deux eaux. D'où les réflexions sur une montée au capital du groupe de défense Thales, dont Alcatel détient 9,5 %. Certains observateurs doutent que Mike Quigley, qui n'est donc pas français, ne parle pas la langue et n'a jamais travaillé au siège social, puisse être numéro un d'un groupe engagé dans des activités de défense dites sensibles. La succession n'est donc pas encore réglée.G. C.