Le baril de brut franchit les 70 dollars

Éole, dieu des vents, a hier, à New York, propulsé le prix du baril de pétrole au-dessus du seuil symbolique des 70 dollars, à 70,80 dollars, durant les échanges électroniques, avant de clôturer à 67,20 dollars (+ 1,07 dollar). Après avoir traversé le golfe du Mexique, l'ouragan Katrina est arrivé hier sur les côtes de la Louisiane à 240 kilomètres/heure. Un plan d'urgence a été décrété pour l'ensemble de la région, qui concentre 30 % des extractions et raffine 15 % du brut américain. Depuis samedi le Louisiana Offshore Oil Port, par où transitent 11 % des importations américaines de brut, a suspendu ses activités. Les compagnies pétrolières ont aussi interrompu les extractions : 420.000 b/j pour Royal Dutch Shell, 50.000 b/j et 300 millions de mètres cubes de gaz pour Exxon. Chevron n'a pas pour le moment fourni de chiffres. Du côté des raffineurs, la situation est tout aussi préoccupante. ConocoPhillips, le premier d'entre eux, tout comme Chevron et Valero Energy ont fermé leurs unités et évacué leur personnel. "Les conséquences de cette tempête pourraient avoir un coût considérablement plus élevé et sur une période bien plus longue que celui des attentats terroristes du 11 septembre 2001", estime même Mike Fitzpatrick, analyste chez Fimat.Saturation des capacités. Ces perturbations vont en effet contribuer à resserrer le goulet d'étranglement du raffinage aux États-Unis, point noir de la chaîne pétrolière en raison de la saturation des capacités, devenu l'un des facteurs de soutien des cours du baril. Aussi, la nécessaire reconstitution des stocks avant l'hiver risque de se faire a minima chez le premier consommateur mondial. Hier, à New York, les prix des produits distillés ont battu des records : le gallon d'essence a touché 2,1575 dollars, celui de fioul domestique 2,0137 dollars, et le gaz naturel a atteint jusqu'à 12,070 dollars le million de btu.Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande mondiale devrait bondir de 2,6 mbj entre le troisième et le quatrième trimestre pour atteindre 85,9 mbj. Si, en 2005, il est prévu que la demande augmente de 1,6 mbj, il faudra encore trouver 1,8 mbj supplémentaire pour répondre aux besoins de la planète en 2006.En franchissant les 70 dollars dès cette fin du mois d'août, le prix du baril est bien parti pour continuer sur sa lancée, qui lui a permis de s'apprécier de 53 % sur un an, aidé également par une prime de risque générée par les tensions géopolitiques dans le golfe Persique. L'Opep pourrait augmenter pour la troisième fois consécutive de 500.000 b/j son quota de production lors de sa prochaine réunion, le 19 septembre. Mais les dernières annonces n'ont eu aucune incidence sur le cours. Hier encore, l'Arabie saoudite s'est dite prête à augmenter sa production de pétrole pour compenser toute diminution des approvisionnements qui pourrait être causée par Katrina."Pas de limite." "À un horizon visible, 2010, il n'y a pas de limite à la hausse des cours du pétrole. L'offre ne peut pas progresser aussi vite que la demande, le développement économique des pays émergents paraît durable, surtout en Inde et au Brésil, les énergies substituables comme le nucléaire et l'hydrogène mettront du temps à se développer. Seule une récession en Chine et aux États-Unis pourrait inverser la tendance", avance Nicolas Bouzou, chef économiste du bureau d'études Xerfi.En attendant, il va falloir s'habituer à vivre avec un pétrole qui n'a jamais autant mérité son surnom d'or noir.Robert Jule
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