Le coup de pouce du "crédit à la conso"

Appelés à se faire plus cigales que fourmis, les Français ont obtempéré assez docilement aux mantras gouvernementaux, souvent appuyés de mesures fiscales attrayantes, à l'image du plan Sarkozy de soutien à la consommation et à l'investissement de juillet 2004. Depuis deux ans, faisant fi d'un marché du travail déprimé, les ménages achètent à tour de bras, soutenant par leur frénésie consumériste la faible croissance française.Ces deux dernières années, les dépenses de consommation ont crû à un rythme annuel de l'ordre de 3 %, soit un niveau bien supérieur à l'évolution de leur pouvoir d'achat. Refusant de se serrer la ceinture, les Français ont privilégié leur niveau de vie et puisé dans leurs bas de laine. Le taux d'épargne des Français devrait s'établir à la fin 2005 à 15,6 % selon les dernières estimations de l'Insee, soit plus de deux points de moins qu'à la fin 2002. En trois ans, ce sont environ 20 milliards d'euros qui ont ainsi été réinjectés dans la consommation.Cette baisse très significative du taux d'épargne n'est pas le seul facteur de soutien de la consommation. La faiblesse des taux d'intérêt sur la période a contribué à la vigueur des crédits à l'habitat et a soutenu les achats d'équipements du logement (meubles, articles électroménagers, objets de décoration...), elle a aussi permis de lever une partie des réticences des Français vis-à-vis du crédit à la consommation.Loin derrière. Les derniers chiffres de la Banque de France montrent ainsi une accélération des crédits de trésorerie aux ménages (+6 % en rythme annuel en octobre 2005 contre 5,2 % en septembre). Les consommateurs hésitent moins que par le passé à s'endetter auprès des spécialistes du secteur pour couvrir leurs dépenses. Une étude Xerfi réalisée pour Sofinco montre d'ailleurs que, l'an dernier, près de 10 % des achats des Français (hors alimentaire) ont été financés par du "crédit conso". Selon cette étude, le montant moyen de crédits à la consommation supporté par les Français est de 2.137 euros, encore très loin derrière les Norvégiens (5.462 euros) et les Britanniques (4.309).La question qui se pose maintenant est de savoir si, avec la remontée des taux d'intérêt, les Français ne feront pas d'autres arbitrages. Paradoxalement, alors que l'on s'attend à ce que, dans les mois qui viennent, les gains de pouvoir d'achat s'accélèrent grâce à l'amélioration de l'emploi et à un reflux des prix, nombre d'économistes anticipent la fin du mouvement de désépargne et un moindre recours à l'endettement. Dans sa récente lettre de conjoncture, le Centre d'observation économique (COE) estime que les dépenses de consommation des ménages devraient évoluer en moyenne en 2006 sur un rythme de 2 % en phase avec le rythme attendu du pouvoir d'achat.Anne Eveno
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