Interrogations sur l'évolution du business model

Au forum économique mondial de Davos qui vient de se terminer, tous les grands patrons de la high-tech était là. Google, Intel, Cisco avaient tous envoyé leurs dirigeants humer l'air du temps et les grands sujets du moment. Mais ils étaient aussi au centre de toutes les discussions. D'abord parce qu'ils sont au coeur de la révolution technologique en cours, "la plus importante depuis celle du début du XIXe siècle", selon Martin Sorrell, le patron du groupe de publicité WPP. Mais aussi parce qu'ils s'interrogent tous sur l'évolution de leurs modèles économiques (business model). Certains estiment d'ailleurs que Google est en train de modifier son discours en affichant ses projets de nouveaux services payants, lui qui était jusque-là le chantre de la gratuité pour ses clients utilisateurs.Ce débat gratuit-payant est en fait au coeur des réflexions de toute la chaîne des télécommunications et des services Internet. Le développement de la téléphonie par Internet (dite voix sur IP, Internet Protocol) via des nouveaux venus comme Skype, qui ne coûte quasiment rien à la différence des communications fixes classiques par le fil de cuivre du téléphone, illustre bien cette révolution en cours. Un phénomène dont la vitesse de propagation est telle qu'il enfle de semaine en semaine et a pris de vitesse France Télécom, l'obligeant à annoncer il y a trois semaines que sa croissance et ses profits seraient du coup moins élevés que prévu. Le succès du haut débit dans l'Hexagone fait que l'opérateur historique tricolore est le premier touché en Europe. Le patron de France Télécom, Didier Lombard, se console en se disant que si son groupe coule tous ses homologues subiront le même sort, mais que s'il s'en sort en réagissant grâce à des offres de nouveaux services - reste à savoir ce que l'on met derrière - il sera en avance sur ses voisins et concurrents pour surfer sur cette vague.Voix sur Internet. Cette question clé de la gratuité n'inquiète pas que les opérateurs de télécommunications. Car si ceux-ci ne parviennent plus à faire payer leurs clients, qui basculent sur les systèmes les moins onéreux (et ceux offrant le plus de services : téléphonie, télévision, Internet), ils ne pourront plus dès lors payer pour les infrastructures et les équipements de télécommunications nécessaires au maintien, voire au développement, de leurs réseaux. Le patron du grand équipementier américain Cisco, spécialiste des réseaux Internet, a ainsi fait part de quelques interrogations en la matière.Le business model de l'ensemble de la chaîne des télécommunications et des médias électroniques est donc actuellement fragilisé par cette appétence des utilisateurs pour la gratuité, générée au départ par le boom d'Internet. Une révolution qui amène aussi les grands groupes à vouloir cibler directement le consommateur, via les blogs (site personnel) ou via l'utilisation ciblée des moteurs de recherche, en ne passant plus par les médias de diffusion traditionnelle (télé, radio, presse, etc.). Et cette fois, c'est le marché de la publicité qui risque de trembler sur ses bases.Olivier Provost
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