Le nationalisme économique au menu des Vingt-Cinq

L'Europe risque de ne pas sortir indemne du "sommet de printemps" des chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Cinq qui s'ouvre aujourd'hui à Bruxelles. Les observateurs les plus optimistes prévoient, en effet, de "franches explications" autour du "patriotisme économique" et des controverses franco-italienne à propos d'Enel-Suez-Gaz de France, germano-espagnole à propos d'E.ON- Endesa-Gas Natural, mais aussi italo-polonaise à propos de Unicredit-HBV.Berlusconi manque d'alliés. Dans une initiative très préélectorale, Silvio Berlusconi a tenté de faire signer par plusieurs capitales comme La Haye, Londres, Copenhague, Helsinki, Stockholm, Bratislava, une "déclaration commune" condamnant toute résurgence de protectionnisme économique dans l'Union européenne.Hélas, pour le Premier ministre italien, le projet a été abandonné hier faute de signataires. à l'instar des autorités néerlandaises qui avaient donné le ton, nombre de gouvernements sollicités ont décliné l'invitation tout en disant partager les critiques italiennes. Du coup, les observateurs les plus pessimistes s'attendent à un vrai crêpage de chignons, avec en vedette Silvio Berlusconi, auquel il est prêté l'intention de faire une "sortie", en particulier contre la France, qui n'aurait rien à envier à l'esclandre qu'il a fait vendredi dernier devant le patronat italien à Vicenza.Le climat européen, déjà fortement détérioré par les échecs des référendums français et néerlandais sur la Constitution, au printemps 2005, puis par les déchirements sur le financement de l'Union sur les années 2007-2013, risque de devenir franchement délétère. En effet si ces procès en protectionnisme national tournent à l'empoignade publique, ils risquent de ruiner les espoirs encore exprimés en début de semaine par la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik, de voir ce sommet "déboucher sur des messages clairs pour les citoyens".Pourtant, le consensus affiché en octobre 2005, à Hampton Court, autour de la nécessité de doter l'Union européenne d'une politique de l'énergie laissait espérer que cette session du Conseil européen serait la première occasion d'agir en commun afin de la concrétiser. Indépendamment des échanges sur le protectionnisme, cette politique énergétique, nourrie par le récent livre vert de la Commission européenne et par les diverses contributions de certains États membres, dont la France à la mi-février, sera lancée avec emphase vendredi par Wolfgang Schüssel, le président de la réunion.Priorité aux PME. Le chancelier autrichien s'appliquera également, avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à valoriser le renouvellement des engagements des Vingt-Cinq sur les grands objectifs de la Stratégie de Lisbonne II et l'adoption d'objectifs encore plus précis dans trois autres domaines : l'intensification des investissements dans la connaissance, la recherche et l'innovation ; une meilleure exploitation du potentiel des entreprises ; et enfin une priorité donnée aux PME. "Le principe consistant à [leur] accorder la priorité doit être appliqué systématiquement." Avec comme projets l'établissement dans chaque État membre d'un "guichet unique" pour la création d'entreprise, procédure qui d'ici à la fin 2007 devrait pouvoir être accomplie en une semaine. Mais aussi avec des allégements administratifs, une simplification des obligations comptables, etc.Enfin, le développement de l'emploi figure au menu, avec l'ambition de créer deux millions d'emplois nouveaux par an, et des mesures particulières pour les catégories prioritaires : les jeunes, les femmes, les travailleurs âgés, les personnes handicapées, les immigrés en situation régulière et les minorités.Marc Paoloni, à Bruxelle
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