Un impact limité sur les rendements obligataires

L'affaissement du dollar inquiète les professionnels du marché des emprunts d'État. Sa dépréciation ne risque-t-elle pas de renforcer les anticipations d'inflation et d'inciter les investisseurs obligataires à demander une compensation plus importante face à la menace de dévalorisation de leurs actifs ? D'autant plus que, depuis le début de l'année, les marchés obligataires - où les prix et les rendements évoluent en sens inverse - sont d'humeur baissière. S'ils se détendaient quelque peu hier (lire page 26), en quatre mois, les taux américains à long terme (10 ans) sont tout de même passés de 4,35 % à quasiment 5,20 % vendredi, un niveau qui n'avait plus été approché depuis mai 2002. Dans le même temps, les rendements européens à 10 ans sont passés de 3,26 % à 4,08 %. Cependant, une étude publiée par la Fed en janvier 2006 minimise les conséquences d'une éventuelle dégringolade de la devise américaine. Son effet sur les prix à l'importation serait beaucoup moins important qu'avant. Quant à l'impact sur les prix à la consommation, il serait désormais minime. En témoigne l'effet quasiment nul de la dépréciation de 20 % de la livre sterling en 1992-1993 ou de son appréciation en 1996-1997. L'influence des taux de changes sur les conditions monétaires serait beaucoup moins significative que ce que l'on pensait jusqu'à maintenant. Une baisse du dollar aurait donc peu de raison d'entraîner une hausse spectaculaire des taux d'intérêt à long terme.Possible parade asiatique. En outre, si la glissade du billet vert se confirme, il y a de fortes chances pour que les banques centrales asiatiques intensifient leurs interventions sur le marché des changes. En achetant massivement des bons du Trésor américain, elles freinent l'appréciation de leur monnaie et limitent la perte de compétitivité de leurs exportations. Parallèlement, en renforçant la demande pour les emprunts d'État, elles poussent les taux longs à la baisse. De quoi contrebalancer, au moins en partie, la remontée des rendements imputable à l'augmentation des risques inflationnistes et à l'accroissement de l'incertitude sur l'évolution des politiques monétaires.Sophie Rolland
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