Les majors contre-attaquent face aux pirates

À défaut de saborder les pirates qui pillent leurs productions, les majors de Hollywood tentent, autant que faire se peut, de contenir un phénomène qui prend de l'ampleur. Selon une enquête du consultant LEK, les studios américains perdent environ 6,1 milliards de dollars par an dans le monde à cause du piratage. Avant que le Wall Street Journal ne révèle les conclusions de cette étude voilà quinze jours, l'Association du cinéma américain (MPAA) indiquait que le piratage lui coûtait 3,5 milliards de dollars par an. Le choc des chiffres de LEK a été rude.Si elle aspire à la plus grande discrétion sur son manque à gagner, l'industrie du cinéma se montre en revanche prolixe sur les moyens qu'elle emploie pour combattre ou dissuader les contrefacteurs de tous poils. Aux États-Unis, où le piratage des films lui coûte 1,3 milliard de dollars par an, Hollywood adopte une stratégie multiforme alternant campagnes de sensibilisation, menaces et répression. Alors que, selon LEK, les pirates sont pour la plupart "masculins, étudiants et âgés de 16 à 24 ans", la MPAA vient d'envoyer au début mai une missive aux recteurs de quarante universités américaines dans laquelle elle leur enjoint de combattre le piratage que favorisent leurs réseaux internes haut débit. Une campagne similaire avait été lancée par l'industrie du disque en 2000 pour combattre les plates-formes informatiques utilisant les technologies d'échange de fichiers de pair à pair (P2P), tels le logiciel Kazaa.Victoire des studios. Devant les tribunaux, Hollywood a déjà gagné plusieurs batailles contre ces sites, obligeant plusieurs d'entre eux, notamment SuprNova.org et BitTorrent.org, à cesser leurs activités. Les studios ont surtout remporté une victoire lorsque la Cour suprême a jugé en juin 2005 que les sites d'échanges gratuits de fichiers, comme Grokster et StreamCast, pouvaient être tenus responsables de violation des droits d'auteur et de reproduction des films.Toutefois, compte tenu du caractère inéluctable de la diffusion des films sur Internet, la MPAA a scellé un accord avec BitTorrent qui, comme Napster en son temps, s'est engagé à ne plus commettre d'activités illégales. Fort de ses bonnes résolutions, le site ressuscité vient de signer un contrat de distribution avec Warner devenu le premier studio à vendre ses films en utilisant une technologie P2P. Si elle émerge pour les films, la diffusion légale et payante de séries télévisées en ligne est plus commune aux États-Unis. Disney distribue ainsi "Lost" et "Desperate Housewives" sur le réseau iTunes du groupe Apple.Outre les efforts technologiques qu'elles déploient pour tenter de prévenir la copie illégale de leurs DVD, les majors font pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il use de toute son influence auprès de la Chine et de la Russie afin que ces pays luttent contre le piratage. La MPAA s'est dite prête à soutenir l'administration Bush contre la Chine si elle portait ce sujet devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les studios engagent par ailleurs les États-Unis à fermer l'entrée de l'organisation à la Russie tant que le gouvernement Poutine n'aura pas fait d'efforts conséquents en la matière.Éric Chalmet, à New York
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