Microsoft a épuisé la patience de la Commission

La sévérité envers Microsoft est une question de crédibilité pour la politique de concurrence européenne, qui doit démontrer que ses décisions ne peuvent indéfiniment être ignorées par les entreprises. Si la Commission, en accord avec les autorités de concurrence nationales des Vingt-Cinq, devrait annoncer demain un alourdissement des sanctions envers le numéro un mondial des logiciels pour pratiques anti-concurrentielles, c'est qu'après deux années d'atermoiements, ce dernier ne s'est toujours pas plié aux injonctions qui lui ont été faites.C'est en mars 2004 que la précédente Commission, présidée par Mario Monti, avait condamné la firme de Bill Gates à une amende record de 497,2 millions d'euros. En outre, la décision lui ordonnait de commercialiser son système d'exploitation Windows, sans le logiciel de lecture multimédia, Media Player - ce qu'il a fait - et de divulguer la documentation technique nécessaire au dialogue (ou à l'interopérabilité) de Windows avec les logiciels concurrents. C'est sur ce dernier point, l'ouverture de ses secrets, que Microsoft s'est rebellé, déposant un recours devant la Cour de justice européenne. Mais cette dernière, en décembre 2004, a refusé de suspendre les sanctions en attendant qu'elle statue sur le fond. Alors que ce jugement n'est pas attendu avant fin 2006, Microsoft n'a toujours pas obtempéré. Lassée, la commissaire à la Concurrence, Neelie Kroes, avait finalement décidé de sanctionner Microsoft d'une astreinte journalière de 2 millions d'euros (2 % du chiffre d'affaires mondial journalier) à compter du 15 décembre 2005.Alors que la Commission s'apprête à prononcer un relèvement de l'astreinte à quelque 3 millions par jour à compter du 1er août 2006 comme La Tribune l'a révélé lundi, Microsoft s'indigne : "Sur les 350 pages de la décision, seules 5 lignes étaient consacrées à la documentation technique !" "Nous avons 300 salariés qui travaillent à plein temps pour mettre au point la documentation nécessaire", et les dernières réactions de l'expert de la Commission sont "très positives", a réagi lundi le porte-parole du groupe à Bruxelles, interrogé par l'AFP (Agence France Presse). D'ici au 18 juillet, " nous allons fournir une documentation détaillée totalement révisée", a-t-il assuré. "Nous espérons que cette nouvelle documentation fera l'affaire", a déclaré le porte-parole de Neelie Kroes, Jonathan Todd, " mais cela ne leur évitera pas une amende".
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