RFA : les syndicats dénoncent le chômage caché

Quatre millions de chômeurs probables d'ici fin janvier, six millions réels ! En Allemagne, comme en France, l'inquiétude s'accroît quant à la dégradation du marché du travail. Au lendemain de la publication des statistiques officielles du chômage en décembre, qui ont fait état d'une sévère progression du nombre des sans-emploi (3,791 millions de chômeurs, soit 9,9 % de la population active), les syndicats allemands en ont rajouté hier en affirmant que la RFA comptait réellement autour de 6 millions de chômeurs. « Des centaines de milliers de personnes ne sont pas prises en compte par les statistiques », a ainsi affirmé Ursula Engelen-Kefer, vice-présidente du DGB, confédération des syndicats allemands, dans le quotidien populaire Bild. Ces chiffres ne sont pas une révélation, ils recouvrent en fait une réalité connue de tous. Depuis plusieurs années, singulièrement depuis la réunification des deux Allemagne, Bonn s'est engagé dans un vaste programme de traitement social du chômage, multipliant les formules permettant de « sortir » des non-actifs des statistiques officielles. Suivant les mois, entre 1,3 et 1,7 million de personnes bénéficient de stages de formation, de mesures de préretraite ou sont engagés dans des procédures de chômage partiel ou de travaux d'utilité publique (ABM). En ex-RDA, selon certains experts, ces mesures cacheraient un chômage réel qui atteindrait 20 % de la population active, au lieu des 15 % officiels. Les syndicats allemands engagés dans une vaste réflexion En revanche, le fait que le DGB jette publiquement ces chiffres sur la table n'est guère innocent, à l'heure où les syndicats allemands sont engagés dans une vaste réflexion, avec le patronat et le gouvernement, autour du « pacte pour l'emploi » proposé par IG Metall, qui offre une modération des salaires contre des créations d'emplois. Pour l'heure, on n'en est qu'au stade des discussions, dans un contexte économique plutôt déprimé. On connaîtra aujourd'hui les chiffres pro- visoires de la croissance allemande pour 1995 : celle-ci devrait osciller entre 1,9 % et 2,1 %, selon l'ensemble des experts économiques, soit bien en deçà des 3 % prévus initialement par Bonn. Pour l'année en cours, selon les prévisions officielles, la croissance de 2 % risque d'être insuffisante pour faire reculer de manière significative le chômage. « L'évolution du PIB ne dépassera pas 1,7 % cette année », estime pour sa part Patrick Mange, de la Deutsche Bank. « Après une détérioration pendant l'hiver, le chômage pourrait légèrement s'améliorer au printemps et en été, soit un taux moyen de 9,3 % ou 9,4 % sur 1996. Il y aura en effet un peu plus de revenu net cette année grâce aux changements intervenus dans la fiscalité [La Tribune du 21 décembre], ce qui devrait doper un peu la consommation, surtout au second semestre. A cette époque, les baisses de taux intervenues en 1995 commenceront aussi à produire leurs effets sur les investissements. Il n'en reste pas moins que de nombreux aléas pèsent sur 1996, le problème étant surtout un manque évident de confiance. » ALAIN BARON
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