Expansion, chômage, déficits : l'Allemagne cumule les contre-performances

L'année commence en Allemagne sous des auspices sombres. Le chiffre du chômage publié hier par l'Office fédéral du travail a atteint, en décembre, un niveau record pour un dernier mois de l'année, soit 3,791 millions de personnes. Un actif allemand sur dix quasiment est aujourd'hui au chômage. Pas étonnant que, depuis les fêtes de Noël, hommes politiques, syndicats et responsables patronaux multiplient les déclarations pour réclamer une mobilisation générale. Le président de l'office, Bernhard Jagoda, a reconnu, hier, que les perspectives n'étaient pas favorables. Si le mauvais temps explique en partie cette brus- que augmentation du chômage (+ 68.000 personnes entre novembre et décembre en données corrigées des variations saisonnières), l'aggravation de la situation est surtout due à la « stagnation de l'économie et au moindre soutien apporté au marché du travail par les mesures politiques en faveur de l'emploi ». Un constat inquiétant, sachant que 1,6 million de personnes bénéficient déjà de formations intermédiaires qui doivent leur permettre de se réinsérer. Autant dire que la barre des quatre millions de chômeurs pourrait être dépassée dès janvier. La conjoncture est loin d'avoir redémarré. Si les entrées de commandes de l'industrie allemande ont augmenté de 0,8 % en volume en novembre par rapport à octobre, c'est grâce aux entreprises est-allemandes, qui ont bénéficié de gros contrats. A l'Ouest, en revanche, l'industrie a connu une baisse de 0,7 % de ses prises de commandes en volume, après une chute de 4,1 % le mois précédent, et le nombre des faillites a augmenté de 15 %. Du coup, le moral est loin d'être au beau fixe dans les entreprises. La majorité des PME allemandes voient la situation d'un plus mauvais oeil qu'il y a un an, d'après un sondage publié hier par une fédération de PME (VMU). Le DIW, l'institut de conjoncture de Berlin, estime que le PIB ne devrait progresser en 1996 que de 1 %, dont 0,75 % seulement à l'Ouest (le gouvernement table sur 2 %).Si elle se concrétise, cette évolution pourrait gêner le ministre des Finances, Theo Waigel. Celui-ci a déjà dû reconnaître, pour la première fois hier, que l'Allemagne n'avait pas rempli, en 1995, les critères de Maastricht pour le passage à la monnaie unique. Les statistiques définitives ne seront publiées qu'à la mi-janvier. Mais Theo Waigel aurait laissé entendre que les communes, les Länder et les caisses sociales s'étant plus endettés que prévu, les déficits publics auraient dépassé la limite de 3 % du PIB. Même s'il assure que l'Allemagne devrait à nouveau remplir les critères en 1996, certains observateurs commencent à émettre des doutes. Les députés de la CSU, visiblement inquiets, ont d'ailleurs adopté hier un programme en vingt points qu'ils ont bien l'intention de défendre pour « assurer la stabilité, le redémarrage économique et l'emploi ». Celui-ci prévoit des coupes drastiques dans le système social. BÉNÉDICTE DE PERETTI À MUNICH
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.