Un secteur vedette à Wall Street

De 250 milliards de dollars en 1997 à 277 milliards de dollars en 2002 : telles sont les bornes budgétaires entre lesquelles le département américain de la Défense impose aux industries aéronautiques et de défense américaine d'évoluer. Cet espace relativement limité, qui a tendance à diminuer en pourcentage du PIB américain, explique la course à la concentration de l'industrie américaine. Elle s'est traduite par une vingtaine d'opérations qui ont soutenu le cours des valeurs du secteur. Toutefois les investisseurs distinguent deux cycles boursiers. Le premier, qui est une vague baissière et de déprime, a connu son paroxysme avec l'effondrement du mur de Berlin en novembre 1989. Le « nouvel ordre mondial » cher au président George Bush devenait synonyme de contraction des dépenses militaires. Ajoutons qu'à l'époque les fournisseurs du département de la Défense n'avaient pas du tout bonne presse. On se souvient de l'exemple du siège de toilette qui revenait à environ 1.000 dollars au Pentagone, alors que le même pouvait s'acheter 3 dollars à la quincaillerie du coin. Gaspillages, enquêtes et contraction des dépenses militaires signifiaient pour la communauté financière une contraction des bénéfices et donc une contraction des valorisations boursières. L'industrie américaine de défense devait alors maintenir sa rentabilité, voire la faire progresser, dans un environnement concurrentiel intense, alors que l'Oncle Sam, client principal, devenait plus regardant sur les prix. Remède : la concentration. Le salut est venu de la concentration industrielle qui a été fort appréciée par la Bourse. Peu à peu, les grands noms de l'industrie américaine - souvent le patronyme des entrepreneurs qui avaient créé les firmes - se sont mariés. Parallèlement, les filiales défense de grands groupes automobiles (Chrysler, Ford, puis General Motors) ont été vendues à ceux qui étaient capables de les intégrer au mieux. L'idée de se recentrer sur le métier de base, c'est-à-dire d'utiliser le capital des actionnaires là où il procure la meilleure rentabilité, a dicté de nombreuses opérations. Récemment, Texas Instruments a vendu sa division défense à Raytheon pour 2,95 milliards de dollars (ainsi que sa micro-informatique à Acer). Le même Raytheon veut acheter GM Hughes Electronics, la filiale de General Motors, pour 9,5 milliards de dollars. Le deuxième cycle haussier a donc commencé vers 1992, après la guerre du Golfe. Récemment, l'administration Clinton a publié son plan quadriennal pour la défense, que la banque d'affaires Merrill Lynch a résumé ainsi : « More for toys, fewer boys ». En d'autres termes, les autorités américaines continuent à déclasser les anciens appareils et à réduire le poids des infrastructures (matériels, toys) et personnels (boys), mais favorisent la mise au point de technologies performantes. Ce cadrage, conjugué à une meilleure gestion des grands groupes, laisse la Bourse confiante dans l'avenir des trois derniers grands noms : Lockheed Martin, Boeing et Raytheon. Pascal Boulard
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