Une décrue attendue cet été

La forte poussée du chômage enregistrée en mai est-elle un simple épiphénomène ou bien l'amorce d'une nouvelle période de hausse du chômage ? Il faut se garder de tirer des conclusions hâtives d'une statistique mensuelle. Et, si les vacances débutent pour des millions de Français sur une touche inquiétante, le chômage qui frappe 12,5 % de la population active a probablement atteint un plafond. Le redémarrage de l'activité, même s'il est encore timoré, commence à dynamiser le marché de l'emploi et laisse augurer un lente décrue du chômage à partir de la seconde moitié de l'année. La croissance est le meilleur remède au chômage. Après une année 1996 médiocre - le PIB s'est accru de 1,5 % seulement -, il semble désormais acquis que la croissance approchera les 2,5 % cette année. En revanche, pour l'an prochain, l'évolution de la conjoncture est incertaine. La consommation des ménages et surtout l'investissement des entreprises prendront-ils le relais des exportations et de l'arrêt du déstockage dans l'industrie, seuls véritables moteurs de la croissance cette année ? Les économistes sont partagés. Amélioration, mais... Pour Emmanuel Raoul, économiste à la société de Bourse Exane, la reprise est bien là. « Les sociétésotées en Bourse que nous interrogeons nous expliquent que leur situation s'est fortement améliorée depuis le mois d'avril », indique-t-il. Il ne fait aucun doute, selon lui, que la croissance s'accélérera l'an prochain pour atteindre 2,8 % après 2,3 % cette année. Un avis que ne partage pas l'économiste de la Caisse des dépôts et consignations, Patrick Artus. « Prenons garde à la crédibilité des scénarios très optimistes à partir de la seconde moitié de 1997 », affirme-t-il. Selon lui, « on ne voit pas pourquoi, compte tenu de la faible utilisation des capacités de production dans l'industrie, on assisterait à une forte reprise de l'investissement ». Si bien que la croissance serait l'an prochain à peine supérieure à celle enregistrée cette année (2,2 %). Avec le développement du travail à temps partiel - 16 % de l'emploi salarié - la croissance est devenue « plus riche en emplois ». Il suffit que l'économie croisse de 1,5 % par an pour stabiliser le nombre d'emplois. Une croissance de 2,3 % en 1997 et de 2,7 % en 1998 permettrait donc de créer 170.000 emplois cette année et 180.000 l'an prochain, selon l'Unedic (assurance chômage). Cela ne signifie toutefois pas que le nombre de demandeurs d'emploi baissera d'autant. Il faut tenir compte du gonflement de la population active. Le nombre de personnes qui arrivent chaque année sur le marché du travail dépasse le nombre de celles qui en sortent. La population active s'accroît ainsi en moyenne de 150.000 personnes par an. Il faut donc créer autant d'emplois pour espérer stabiliser le chômage. Créer les conditions. Même dans l'hypothèse d'une forte accélération de la croissance l'an prochain, cela sera insuffisant pour infléchir significativement la courbe du chômage. Le gouvernement, s'il peut compter sur une croissance un peu plus favorable, table surtout sur la réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage. Faute d'une reprise durable et forte de la croissance, la lutte contre le chômage dépendra donc du succès de la conférence sur l'emploi, les salaires et la réduction du temps de travail qui se tiendra en septembre. Sous certaines conditions extrêmement strictes, notamment un gel des salaires pendant plusieurs années, elle permettrait de créer plus d'un million d'emplois, selon l'OFCE. Xavier Harel
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